La caricature et Reims
Le monde de la caricature est marqué par de grands noms d’artistes locaux. Jean-Louis Forain (1852-1931), Achille Lemot (1846-1909), Adolphe Willette (1857-1926) ou Tristan de Pyègne (1860-1915) exercent leur talent dans de nombreux domaines (peinture, dessins, publicités), mais la caricature apparaît comme leur mode d’expression privilégié.
Les collections patrimoniales de la bibliothèque municipale de Reims conservent de nombreuses caricatures issues du legs Victor Diancourt (1910). Composée de 14 000 impressions lithographiques, cette collection rassemble de nombreux titres de presse satirique nationaux comme Le Charivari, Le Trombinoscope, La Baïonnette, L’Eclipse, Le Rire, L’Assiette au Beurre,... et des lithographies de plus de 144 artistes tels que Gustave Doré, Honoré Daumier ou Paul Gavarni.
Les artistes champenois sont également mis à l’honneur, avec plus de 1300 œuvres du rémois Jean-Louis Forain relatives aux crises de la République, aux mœurs de la bourgeoisie et aux atrocités de la Première Guerre mondiale. Sont également présentes les réalisations d’Adolphe-Léon Willette et d’Achille Lemot.
Au cours de cette période paraissent dans la Marne de nombreux titres de presse au ton humoristique et satirique : La Silhouette, Le Carillon champenois, Le Satyre, L'entracte, L'Etrille, Le Cri de Reims... Un titre en particulier use de la caricature pour amuser et informer son lectorat : La Vie Champenoise illustrée (1893-1895) créée par Tristan de Pyègne, qui dépeint avec humour et mordant les notables locaux acteurs de la vie politique, théâtrale, musicale, culturelle et artistique de Reims.
La petite anecdote
La compagne d’Achille Lemot, Augustine Attagnant, vit bien au-dessus de leurs moyens financiers. Cette dernière menace de le quitter lorsque le couple se retrouve ruiné. Désespéré, Achille se met à fabriquer des faux-billets de la Banque de France, ce qui lui vaut des démêlés avec la justice. Il est condamné à sept ans d’emprisonnement, tandis qu'Augustine est condamnée au bagne. Ils sont tous deux libérés avant la fin de leur peine. Cette mésaventure inspire Alphonse Daudet pour l’écriture de son roman Sapho. L’ironie du sort veut que Lemot, sous le pseudonyme « Lilio », illustre lui-même la critique (plutôt acérée) de la pièce tirée du roman dans le journal Le Triboulet en décembre 1885.
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