La caricature en temps de guerre
Pendant la Grande Guerre, la caricature est massivement utilisée comme objet de propagande, via l’engagement sans faille et les œuvres bouleversantes créées par des artistes comme Jean-Louis Forain (1852-1931), Adolphe Willette (1857-1926) ou Francisque Poulbot (1879-1946). L’ennemi allemand est bien évidemment la cible favorite des caricaturistes, qui réalisent des dessins d’une rare violence et d’un impact visuel frappant pour dénoncer leurs exactions. La population française et la lâcheté de certains civils est également dénoncée alors que la vaillance des Poilus est exaltée.
L’Illustration est une des premières revues à véhiculer des images de propagande française. Des journaux satiriques tels que Le Crapouillot (1915), Le Flambeau (1915-1916), Le Mot (1915) ou Le Poilu (1915-1916) ont rapidement la volonté de diffuser auprès du grand public les réalisations de ces artistes engagés. La Baïonnette et Le Rire rouge constituent deux des titres les plus emblématiques en la matière.
Les artistes les plus en vue et les plus actifs au début du conflit tels Hermmann-Paul (1864-1940), Poulbot, Faivre (1867-1945) ou Forain vont réaliser une véritable œuvre de guerre. Forain, en défenseur farouche de l’armée et de la patrie, réalise plus de 200 dessins publiés dans Le Figaro, L’Opinion et L’Avenir. La simplicité des traits de ses personnages, les paysages dépouillés et la concision des légendes et des titres donnent toute leur force aux œuvres de l’artiste rémois.
Forain s’attarde également sur le sort des civils, notamment des femmes qui se substituent à leurs fils et à leurs maris pour les travaux des villes et des campagnes. L’illustrateur ne résiste cependant pas à l’envie de blâmer les réactions de certains civils qui se plaignent de l’enlisement du conflit alors que les soldats périssent sur le front.
La petite anecdote
Pendant la Première Guerre mondiale, les talents de dessinateur de Forain vont être utiles à l’armée. Outre l’engagement de l’artiste dans la Section de Camouflage, le service de propagande aérienne fait larguer par avion en 1916 deux de ses dessins de presse sous forme de tracts sur les tranchées allemandes, afin de démoraliser l’armée ennemie. La Borne leur fait comprendre qu’ils n’iront pas plus loin que cette borne indiquant Verdun à quelques kilomètres. Tu as l’air de les plaindre les Boches… sous-entend la misère dans laquelle vivent les civils allemands pendant que leurs soldats combattent sur le sol français.
Oeuvres d'artistes, Forain CLIX 9961