Jacques Simon (1890-1974)
Biographie
L’héritage familial
Né le 10 mars 1890 à Reims, Jacques Simon est issu d’une lignée de maîtres-verriers remontant au XVIIe siècle . Il étudie au lycée de Reims puis suit une formation à l’Ecole régionale des arts industriels de Reims. En parallèle, il se forme auprès de son père, le maître-verrier Paul Simon (1854-1917), et assiste auprès de lui, à 18 ans, à la restauration des vitraux de la grande rose occidentale de la cathédrale de Reims. Deux ans plus tard, le jeune homme étudie à l’Ecole des arts décoratifs de Paris et se spécialise dans le domaine du vitrail. Il intègre l’atelier familial auprès de son père en 1912.
Jacques Simon se fait rapidement connaître par l’illustration de reliures de livres et la création d’œuvres pour des évènements locaux. En 1910, il expose le vitrail La Première stupeur du roi des Airs, à l’occasion de la deuxième édition de la Grande semaine d’Aviation de la Champagne à l’aérodrome de Reims-Bétheny, et au Salon des Artistes français à Paris pour laquelle il obtient une mention honorable.
Il se marie le 6 mai 1920 avec l’artiste peintre Madeleine Roussin (1892-1978) à Ville-Dommange (Marne). Ensemble ils ont trois enfants également artistes : Simone Simon (1921-…) sculptrice, Luc Simon (1924-….) peintre et Brigitte Simon (1926-2009) maître-verrier.
Sauveur de vitraux
Jacques Simon effectue son service militaire au 132 e Régiment d’Infanterie à Reims qu’il réintègre en 1914 en tant que « caporal service armé ». Blessé le 1er septembre à Septsarges, il se repose dans les Côtes d’Armor et peints de nombreuses toiles. En 1917, le sous-secrétariat des Beaux-Arts de Reims fait appel à Jacques Simon pour sauver le patrimoine de la ville meurtrie par les bombardements des troupes allemandes. Le jeune homme bénéficie alors d’un sursis d’appel, s’entoure de ses ouvriers et des pompiers de Paris pour mettre à l’abri les vitraux des édifices religieux. L’opération se déroule à l’aube ou par temps brumeux dans des conditions périlleuses afin de ne pas être repéré par l’armée allemande. En parallèle, le maître-verrier reprend la direction de l’atelier familial suite aux décès de son père et de sa mère Clémence Robinet (1858-1913).
La restauration des églises de Reims et de la cathédrale débute au lendemain de la guerre et se poursuit jusqu’en 1938. Le maître-verrier rénove les vitraux médiévaux de la cathédrale imaginés par son père et ceux de la basilique Saint-Remi. A l’instar de ce dernier, Jacques Simon imagine et fabrique des verrières qu’il installe de 1934 à 1959 : le Vitrail du champagne sur le transept sud et les Litanies de la Vierge sur la petite rose de la façade occidentale. L’œuvre de Jacques Simon rayonne dans toute la région dévastée puisqu’il crée des verrières modernes pour les églises de Vouziers, Corbeny ou encore Chaudardes.
Artiste local de renom
Jacques Simon est un artiste accompli. Il conçoit des œuvres novatrices, du dessin jusqu’à la mise en plomb, et renouvelle sans cesse son art. Le maître-verrier appartient à une minorité de provinciaux qui tient à participer activement aux manifestations artistiques allant jusqu’à exposer aux Etats-Unis. Fort de cette réputation, il décore de nombreux édifices rémois privés ou publics : verrière au plafond du Café du Palais en 1928, bouclier de verre de l’Opéra en 1929, vitrail de la boulangerie Waïda en 1931, hôtels particuliers dont la maison du photographe Hugues Krafft (1853-1935).
Ancré dans son époque, Jacques Simon adopte le style Art déco dans son art et réalise des œuvres géométriques et colorées. Sa maison-atelier, au 44 rue Ponsardin à Reims, construite avec l’architecte Max Sainsaulieu (1870-1953), présente une façade décorée de mosaïques et d’un vitrail. Max Sainsaulieu lui commande en 1927 un lustre pendentif pour décorer le hall de la bibliothèque Carnegie, inaugurée en 1928 par le président de la République Gaston Doumergue (1963-1937).
En 1954, Jacques Simon prend sa retraite tout en restant membre titulaire du conseil d’administration de la Société des Amis du Vieux Reims jusqu’en 1964. Il décède rue Montoison à Reims, le 10 mars 1974, à l’âge de 84 ans.
La maison-atelier est reprise par sa fille Charlotte et son mari le maître-verrier Charles Marq (1923-2006). Placée en liquidation judiciaire en 2019, elle est rachetée par Pierre-Emmanuel Taittinger et Philippe Varin, qui installent l’atelier en 2020 dans l’Eglise du Sacré cœur de Reims. Les œuvres de Jacques Simon sont données en 2019 et 2021 au musée des Beaux-arts de Reims par ses petits-enfants, Benoît Marq et Charlotte Marq-Girard.