Max SAINSAULIEU (1870-1953)
Portrait
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Biographie
Max Sainsaulieu est né à Péronne (Somme) en 1870 d'une mère originaire de New York et d'un père officier des eaux et forêts, et est mort à Paris en 1953.
Une carrière rémoise qui peine à démarrer
Sa formation en dessin débute à Amiens dans une école religieuse, puis auprès de deux architectes locaux à partir de ses seize ans. Après un cursus à l’École des Beaux-Arts de Paris, de 1891 à 1898, il obtient son diplôme et entame une carrière d'architecte auprès du rémois Alphonse Gosset. Il l'aide notamment à achever la construction de l'église Sainte-Clotilde puis épouse sa fille, mais peine à se faire une clientèle dans la ville, ce qui le pousse à s'installer à Soissons de 1903 à 1909. À cette date, il revient à Reims, profitant de la retraite de son beau-père et de son expérience acquise pour étoffer sa clientèle. Ainsi, avant la Première Guerre mondiale, Sainsaulieu érige notamment deux églises (Saint-Benoît à Reims et Notre-Dame de Pontfaverger), ainsi que des bâtiments privés (l'hôtel Charbonneaux, la Société Générale et la sous-préfecture sur la place Royale). Il est également sollicité pour diverses rénovations comme celle du Grand Hôtel rue Libergier.
Un architecte au service de la ville
Max Sainsaulieu est mobilisé lorsque la Première Guerre mondiale éclate mais rentre à Reims après la victoire de la Marne (septembre 1914) pour être nommé architecte ordinaire des Monuments historiques. Il est principalement chargé de la sauvegarde de la cathédrale de Reims et des oeuvres qui y sont conservées. Le « gardien de la cathédrale » s'investit corps et âme dans sa fonction, jusqu'à être blessé au cours de celle-ci, son action lui valant d'être décoré de la Légion d'honneur. À la fin de l'année 1918, Reims porte de vives séquelles du conflit, avec un taux de destruction du bâti de plus de 60%. Max Sainsaulieu participe alors activement à la reconstruction de Reims et ses environs à travers des plans de sauvegarde et d'aménagement. Il œuvre sur de nombreux chantiers de reconstruction, comme ceux d'églises de campagne (Breuil, Hourges, Romain, Unchair, Ventelay), de l'Hôtel Bezannes datant du XV e siècle, et de maisons de particuliers comme l'immeuble Matot. Quand la phase de reconstruction s'essouffle, il reprend l'aménagement et la construction de bâtiments importants dans la ville, comme la sous-préfecture inaugurée en 1935 par le président de la République, ou encore l'école du boulevard Pommery. Enfin, il est parfois sollicité en dehors de Reims, notamment pour des expositions internationales à Paris durant les années 1930 ou la conception d'édifices divers comme la maison de cure de Séricourt.
Le projet de la bibliothèque Carnegie
La bibliothèque municipale de Reims n'a pas survécu à la guerre, et c'est pourquoi la ville bénéficia de la dotation Carnegie pour la construction d'un nouvel édifice en novembre 1919. Max Sainsaulieu est choisi l'année suivante pour en être l'architecte. Il voyage durant deux mois pour s'inspirer de nouvelles bibliothèques européennes. La bibliothèque sort de terre en six ans, de 1921 à 1927, dans un style d'inspiration principalement Art déco. Le lieu choisi est stratégique, car il se situe dans un quartier calme, éloigné du trafic routier, et central de la ville, lui conférant une bonne accessibilité. Sainsaulieu a également conçu la décoration et le mobilier, qui témoignent d'un important souci du détail et du fonctionnel, le tout dans des formes sobres et des décors luxueux. Ce lieu est enfin une réponse concrète aux impératifs d'accueil du public et de conservation de l'époque.