Hughes Krafft (1853-1935)
texte : Coline Pichon, attachée de conservation (musée Le Vergeur)
Portrait
Biographie
Hugues Krafft naît à Paris le 1er décembre 1853. Il est l’aîné de trois enfants issus de l’union de Guillaume Krafft, associé de Louis Roederer, et d’Emma Mumm. Cette famille bourgeoise d’origine allemande s’installe à Reims en 1855. À la mort de son père en 1877, le jeune Hugues hérite de la fortune familiale.
En passant par le Japon
En 1881, il décide de faire le tour du monde avec son frère Edouard. Ils partent ainsi pour un voyage qui durera près de deux ans, accompagnés de deux amis, Charles Kessler et Louis Borchard. Ce périple les mène au Japon pour plusieurs mois, en 1882-1883.
Le pays est alors ouvert sur le monde depuis près de 25 ans. Les quatre voyageurs s’installent à Yokohama, louant une maison dans le Bluff, le quartier réservé aux étrangers. Ils en font le point de départ de nombreuses excursions au cours desquelles ils parcourent le Japon, en passant notamment par les deux grandes voies qui le traversent : le Tokaïdo et le Nakasendo. Krafft se prend alors de passion pour ce pays qui le fascine, ses paysages pittoresques, sa population aux mœurs et coutumes si différentes des mondanités européennes.
Un collectionneur éclairé
Durant les sept mois qu’il passe au Japon, Krafft achète de nombreux objets, tels des laques, des céramiques, des textiles, des bronzes, des armes, sans doute auprès de marchands d’art et d’antiquaires. Photographe et artiste de talent, il réalise également plusieurs centaines de clichés, ainsi qu’une vingtaine d’aquarelles. À son retour en France, il publie le récit de son voyage dans l’ouvrage Souvenirs de notre tour du monde (1885 - cote : CR IV 748 MM), dans lequel le Japon tient une place importante, il organise de nombreuses conférences et prête des objets issus de sa collection pour diverses expositions internationales. Il se lie par ailleurs d’amitié avec des grands noms du japonisme français, parmi lesquels Siegfried Bing et Louis Gonse. Au tout début du XXe siècle, Krafft complète sa collection par l’achat d’objets lors des ventes qui marquent la dispersion des grandes collections en France, comme la vente Hayashi (février 1903), Charles Gillot (février 1904) ou encore J. Garié (mars 1906).
Afin de financer la reconstruction de l’Hôtel Le Vergeur à Reims après la Première Guerre mondiale, Hugues Krafft met en vente la quasi-totalité de sa collection japonaise en 1925. Il avait précédemment fait don de nombreux objets au musée des Arts Décoratifs, au musée de l’Homme et au Louvre.
Après s’être dédié à la sauvegarde du patrimoine rémois et à la Société des Amis du Vieux Reims, association qu’il fonde avec Ernest Kalas en 1909, Hugues Krafft décède à Reims le 10 mai 1935.
La collection Hughes Krafft au musée Le Vergeur
La collection Hughes Krafft au musée Le Vergeur
De cette importante collection, il ne subsiste aujourd’hui que quelques rares objets conservés au musée Le Vergeur, qui reste malgré tout le gardien des nombreuses photographies réalisées par Krafft au Japon, de ses aquarelles, ainsi que d’un ensemble de près de 350 photographies acquises dans les studios photographiques de Félix Beato, Stillfried & Andersen et Suzuki Shinichi, à Yokohama.
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