Roger Gilbert-Lecomte (1907-1943)
Portrait
Biographie
Né à Reims le 18 mai 1907, Roger Lecomte – qui deviendra Roger Gilbert-Lecomte en 1928 pour se démarquer de son père – est un poète rémois et pilier de la revue Le Grand Jeu.
Débuts rémois
Durant son enfance, il fuit la ville de Reims bombardée par les forces allemandes, avant d’y revenir avec sa famille en 1919. Roger Gilbert-Lecomte effectue alors sa rentrée au lycée des Bons Enfants de Reims où il suit une scolarité irréprochable et y rencontre René Daumal, Robert Meyrat et Roger Vailland. Les quatre lycéens forment ensemble le groupe des « Phrères simplistes ». Le groupe d’amis obéit à la doctrine du « simplisme », qui consiste à préserver résolument l'esprit de l'enfance. Les Phrères expérimentent alors des techniques pour accéder au « dérèglement des sens », et s’initient dans ce but très tôt aux drogues.
Le Grand Jeu
A la fin du lycée, les Phrères sont séparés : alors que certains se rendent à Paris pour suivre leurs études supérieures, Roger Lecomte reste à Reims car son père souhaite qu’il effectue des études de médecine. Grâce à son ami Pierre Minet, il rencontre Léon Pierre-Quint, co-responsable des Editions du Sagittaire, qui apporte une aide précieuse aux Phrères et au peintre Joseph Sima pour créer la revue Le Grand Jeu en 1928 (BM Reims, RES ATL 125). La revue se place à la fois dans la mouvance du surréalisme et dans le refus de s’y fondre. Le Grand Jeu sollicite et salue, conteste et rejette le surréalisme tout à la fois.
Fin de partie
Alors que Le Grand Jeu est en plein essor, le chef de file des Surréalistes, André Breton, s’alarme de ces jeunes gens qui refusent de se rallier à lui et va même jusqu’à attaquer avec virulence Roger Vailland. Déstabilisé, le jeune homme, ne recevant aucun soutien de la part de ses Phrères, va finalement quitter le groupe. Vailland parti, la revue s’effondre : il n’y aura eu que trois numéros du Grand Jeu. Alors que les Phrères s’éloignent les uns des autres, Roger Gilbert-Lecomte sombre de plus en plus dans la drogue. Malgré sa toxicomanie, il parvient à faire publier en 1933 La Vie, l'Amour, la Mort, Le Vide et le Vent, ainsi que Le Miroir noir en 1938. C’est finalement à l’âge de 36 ans qu’il décède à Paris, le 31 décembre 1943.
Le poète maudit
Une partie des écrits du poète restèrent longtemps inconnus du grand public. En effet, la légataire universelle du père de Roger Gilbert-Lecomte se refusait de les publier car elle considérait le contenu de ceux-ci comme immoral et même pornographique. Son œuvre put finalement sortir de l’ombre grâce à une association de défense de ses écrits, l’Association des Amis de Roger Gilbert-Lecomte et de Pierre Minet. Cette association parvint à mener l’affaire en justice pour établir qui pouvait disposer des droits de publication de l’œuvre du poète. De nombreuses personnalités de l’époque s’étaient alors jointes au combat : André Malraux, François Mauriac, Louis Aragon, Roger Caillois et même André Breton.