Odette Réville (1893-1979)
Portraits d'Odette Réville
Biographie
De « chargée de catalogue » à conservatrice de bibliothèque
Née en 1893, Odette Reville étudie les lettres à Paris et obtient sa licence en 1922. Elle suit pendant un an des cours à l’Ecole de bibliothécaires, abritée par l’American Library à Paris, et devient titulaire du Certificat d'aptitude aux fonctions de bibliothécaire en 1927.
Odette Réville débute sa carrière en 1927 auprès du conservateur de la bibliothèque municipale de Reims Henri Loriquet (1857-1939), connu pour avoir mené les opérations de sauvetage des collections suite aux bombardements allemands de la Première Guerre mondiale. A ses débuts, la jeune employée occupe le poste de « chargée de catalogue » et décrit les ouvrages suivant les nouvelles normes internationales.
Elle est rapidement promue bibliothécaire adjointe et se charge de l’inventaire et du déménagement des documents, hébergés pendant la guerre dans le musée Saint-Denis, vers la bibliothèque Carnegie. Odette Réville est nommée en 1929 conservatrice de la bibliothèque sur les recommandations du bibliothécaire en poste Pol Neveux (1865-1939).
Innovations dans les bibliothèques
Chargée de la coordination des actions des bibliothèques de quartier depuis 1936, Odette Réville souhaite ouvrir des fonds de livres pour enfants. Ainsi, elle développe en 1938 une section jeunesse dans le secrétariat de la bibliothèque Carnegie, une salle dédiée aux enfants dans la bibliothèque du 4e canton (47 bis avenue de Laon) et des dépôts de quelques livres dans dix écoles de la périphérie.
Pour répandre l’offre de lecture sur une ville en pleine expansion, Odette Réville imagine dès 1955 un système novateur de bibliostands : des bibliothèques ouvertes au moins deux jours par semaine implantées dans des structures culturelles ou sociales de quartier existantes. Malheureusement, ce système disparait en 1968 faute de moyens financiers et humains.
En parallèle, elle crée le service photographique des manuscrits et documents précieux de la bibliothèque et des « auditions de musique par le disque » espérant pouvoir fonder à terme une discothèque.
Son courage face à la guerre
En 1938, peu avant la Seconde Guerre mondiale, Odette Réville se prépare au pire. Elle réunit 120 caisses, des cordes, des plans inclinés pour descendre les marches et demande un dépôt de sable pour pouvoir étouffer un éventuel incendie. Quelques jours après la première attaque allemande, le 10 mai 1940, elle transfère les manuscrits dans les caves d’un château à Saint-Fargeau avant de rejoindre sa mère réfugiée en Haute-Loire.
Pendant l’Occupation, la conservatrice est contrainte d’évacuer ou de mettre sous scellés les livres jugés « littérature française indésirable » ou figurant sur les listes Bernhard et Otto. Elle est suspendue de ses fonctions quelques mois pour avoir tenu tête à l’occupant. Après l’Armistice, Odette Réville se charge du rapatriement et de la réintégration des documents à Reims afin d’ouvrir la bibliothèque et est nommée directrice du réseau des bibliothèques de Reims en 1945.
En 1948, l’écrivain et bibliothécaire Henri Vendel (1892-1949) lui remet la Croix de la Légion d’honneur. Elle est faite chevalier de la Légion des Arts et Lettres en 1957, année de sa retraite. A Paris, elle fonde la bibliothèque du centre national d’études judiciaires et y travaille jusqu’à l’âge de 80 ans. Le 17 juin 1978, elle revient à Reims pour les 50 ans de la bibliothèque Carnegie, puis décède à l’âge de 86 ans le 28 octobre 1979.