Achille Lemot (1846 - 1909)
Portraits d'Achille Lemot
Les œuvres numérisées d'Achille Lemot
Indépendamment des caricatures disséminées dans les titres de périodiques conservés à la bibliothèque Carnegie, un ensemble constitué principalement de coupures de presse est consacré aux oeuvres de l'artiste.
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Biographie
Une enfance rémoise
Le 31 décembre 1846 à Reims, Jeanne Coulon met au monde Désiré Achille en l'absence de son époux Simon Valentin, militaire en service en Guyane. Celui-ci y décède en 1856 sans jamais avoir rencontré son fils. En 1858, Jeanne se remarie avec Hubert Marie Lemot, que l'on présume être le père naturel d'Achille. L'enfant prend l'habitude de porter son nom.
Au lycée de Reims, il est un élève très doué et fascine ses camarades grâce à ses dessins et ses croquis.
Il espère devenir architecte mais son premier ouvrage est un échec : la façade d'une chapelle construite selon ses plans s'effondre.
Il choisit alors de quitter le foyer maternel pour vivre de ses dessins à Paris.
Ses premiers pas de caricaturiste
Achille débute sa carrière de caricaturiste dans quelques petits journaux humoristiques. De 1868 à 1870, il dessine dans Le Monde Pour Rire pour lequel il caricature les personnages puissants de son époque. André Gill le repère et le fait travailler pour La Parodie et L'Eclipse (PER VI G 10). Il collabore à d'autres titres dont Le Monde Comique, La Semaine Illustrée, ou encore Le Journal Amusant (PER X G 4).
En 1870, l'armée allemande envahit le territoire français. Agé de seulement 23 ans, celui que ses amis surnomment "Lemot pour rire" est appelé par l'armée. A Amiens, il fonde le journal illustré Le Moblot, au profit des soldats blessés. En janvier 1871, il est grièvement touché au bras droit ; les médecins envisagent de l'amputer. Refusant de perdre son outil de travail, il s'oppose catégoriquement à cette solution. L'artiste est alors recueilli chez une femme qui le soigne et sauve son bras.
A l'issue de la guerre, il est promu sergent-major et reçoit la médaille militaire.
Un personnage de roman
Après la guerre, Achille Lemot retourne vivre à Paris. Il vit chichement de la vente de quelques croquis et de sa collaboration avec de nouveaux journaux comme Le Froufrou et La Scie.
Il s'installe avec Augustine Attagnant, et se fait embaucher à Aquarelle Mode, magazine pour lequel il dessine des modèles de toilettes. Il gagne désormais un salaire confortable, mais le train de vie d'Augustine les crible de dettes. Cette dernière menace de quitter Achille. Pour ne pas perdre sa belle, l'amoureux transi se lance dans la fabrication de faux billets de la Banque de France. Cela vaut à Achille d'être condamné à dix ans de réclusion et à Augustine le bagne à perpétuité. Toutefois, les faussaires sont tous deux libérés avant la fin de leur peine.
Touché par la mésaventure de ce jeune artiste "dont le seul crime est d'avoir trop aimé", Alphonse Daudet s'en inspire pour l'écriture de son roman Sapho. L'ironie du sort veut que, dix ans plus tard, dans Le Triboulet du 27 décembre 1885, ce soit Lemot qui illustre la page consacrée à la critique, plutôt acérée, de la pièce de théâtre tirée de ce roman.
Un artiste aux trois pseudonymes
Achille Lemot s'installe avec sa mère à Asnières (Hauts-de-Seine), loin des tumultes de la capitale et se marie plus tard à Berthe Alphonsine Michel, qui lui donne un fils.
A partir de 1880, le caricaturiste travaille pour le journal monarchiste Le Triboulet (PER X 38), dans lequel il signe avec les noms d'emprunt "Crac" puis "Lilio".
Dès 1882, Achille, désormais "Uzès", fréquente le cabaret Le Chat Noir où se rencontrent les artistes en vogue. Il dessine les personnages politiques du moment pour le journal de caricatures du même nom (PER VI G 9). Sous le même pseudonyme, il travaille pour Le Courrier Français (PER X G 2) entre 1885 et 1897.
Il entre au journal catholique Le Pèlerin en 1884 dans lequel il signe de nouveau "Achille Lemot". Loin de sa ville natale, il garde tout de même quelques liens avec Reims. Le journal Le Rémois Illustré (PER CH FOL 35) du 27 septembre 1879 et le premier numéro du journal L'Entr'acte (PER CH FOL 279) du 16 octobre 1883 partagent la même illustration de l'artiste. Ce dernier présente également trois de ses aquarelles en 1881 dans une exposition au Cirque de Reims. A l'instar des illustrateurs de son époque, il dessine pour de multiples supports, à l'image du menu du 27 mai 1886 signé Uzès, conservé à la bibliothèque.
Achille Lemot décède le 10 septembre 1909 à Asnières à l'âge de 63 ans.
- Le Mois Littéraire et Pittoresque du 1 janvier 1908
- La Croix du 22 septembre 1909
- Mercure de France du 15 septembre 1933
- Travaux de l'Académie nationale de Reims, 175e vol., 2001
- Almanach historique, administratif, industriel et agricole de la Champagne et de l'Aisne, Matot-Braine, 1910
- Site internet La Vie Rémoise, article sur Achille Lemot