La guerre franco-prussienne de 1870 à Reims
La guerre de 1870 entre la Prusse et les troupes impériales de Napoléon III débute le 19 juillet 1870 et se termine le 29 janvier 1871 suite à la demande d’armistice par le gouvernement français de la Défense nationale. L'armée Prussienne quitte Reims le 6 novembre 1872 et la France fin 1873, après le paiement de l'indemnité de 5 milliards de francs exigée par le traité de Francfort.
Ce conflit, qui a fêté ses 150 ans en 2021, bénéficie du soutien du Comité rémois du Souvenir Français pour pérenniser sa mémoire. L'association "Le Souvenir français", fondée en 1887, a pour vocation d'honorer la mémoire de tous ceux qui sont morts pour la France qu’ils soient Français ou étrangers.
Les origines de la guerre
La guerre de 1870 entre la France et la Prusse trouve son origine dans un désaccord diplomatique entre les deux nations. A la fin des années 1860, la royauté espagnole se cherche un successeur. Le président du Conseil de Prusse, Otto von Bismarck, propose la candidature du prince Léopold de Hohenzollern-Sigmaringen, cousin du roi Guillaume 1er de Prusse. Napoléon III, empereur de France depuis le 2 décembre 1852, refuse cette proposition afin d’éviter toute situation d’encerclement. Alors que Guillaume 1er est favorable au retrait de cette candidature, Bismarck rédige une dépêche en juillet 1870, connue sous le nom de dépêche d’Ems (voir l'article sur Wikipédia), dans laquelle il sous-entend que la Prusse maintient sa proposition. Napoléon III considère le document comme une provocation et déclare la guerre au royaume de Prusse le 19 juillet 1870.
La guerre jusqu’à la capitulation à Sedan
Le 21 juillet, Napoléon III et son fils arrivent au château de Courcelles, près de Reims. Ils y retrouvent le maréchal Mac Mahon dont l’armée est en pleine débandade : elle vient de traverser la ville de Reims en commettant des pillages et des meurtres. Le 23, l’armée française prend la direction des Ardennes pour repousser les Prussiens. Des émeutes éclatent à Reims notamment contre les Allemands habitant la ville. Le capitaine des pompiers, Alfred de Tassigny, parvient à contenir la foule et à limiter les dégâts.
L’armée française est défaite lors de la bataille de Sedan le 1er septembre 1870. 60 000 soldats français sont faits prisonniers. Le dimanche 4 septembre, le maire Simon Dauphinot est convoqué à la sous-préfecture où il apprend la défaite de l’armée française ainsi que la capitulation de Napoléon III et sa captivité. Les Allemands se dirigent vers Reims et se postent à Bétheny. Par message, ils demandent au maire si la ville se rend ou pas. Dauphinot et des adjoints vont à leur rencontre pour parlementer avec l’avant-garde de l’armée ennemie commandée par le général en chef Von Tumpling. Le maire demande à ce que Reims soit traitée comme une ville ouverte. Les Allemands imposent au maire et à ses adjoints de précéder à pied les troupes qui envahissent la ville.
III
L’occupation prussienne de Reims
Le 4 septembre à 14h00, 30 000 à 40 000 Prussiens font leur entrée dans la ville. Tandis que la Troisième République est proclamée à Paris, Reims débute une longue et douloureuse occupation.
Le 5 septembre, le roi de Prusse Guillaume 1er, le chancelier Bismarck et le maréchal Von Moltke arrivent à Reims. Ils sont accompagnés d’un nombreux état-major. Le roi loge à l’archevêché, Bismarck chez Adolphe Dauphinot (frère du maire Simon Dauphinot) et Von Moltke chez le maire. Le lendemain, Guillaume 1er organise un grand banquet mais le maire décline son invitation. Puis le 13, le roi et une partie de son état-major quittent Reims pour Paris.
Dauphinot et les adjoints démissionnent, estimant qu’ils détenaient leurs pouvoirs du gouvernement impérial alors que celui-ci vient d’être renversé. De ce fait, une Commission municipale est nommée afin d’administrer la ville. Elle est composée de dix membres : Simon Dauphinot, Albert Marteau, Léonard Victor Rome, Charles Rogelet, Alfred de Tassigny, Piéton, Victor Diancourt, Henri Paris, Louis Alfred Constant et Laignier Aîné. Cependant, les autorités allemandes refusent cette nouvelle organisation et oblige le maire et les adjoints à reprendre leurs fonctions.
Henri Courmeaux et Charles Arnould, parlant couramment l’allemand, apportent leur aide à la municipalité dans leurs discussions avec les officiers ennemis. Plusieurs affiches sont placardées dans la ville : la première annonce l’abolition de la conscription, la seconde impose aux Rémois de déposer toutes leurs armes à l’hôtel de Ville dans un délai de 24 heures, et une troisième menace de peine de mort quiconque ferait preuve d’hostilité envers les Allemands. Première victime de l’occupant, François Augé, ouvrier teinturier de 60 ans, est arrêté puis fusillé le 6 septembre pour avoir montré son poing à un officier allemand.
Les deux journaux rémois, le Courrier de la Champagne et L’Indépendant Rémois, cessent de paraître lors de l’arrivée des Allemands. Mais Bismarck leur impose de reprendre leur publication quotidienne, tout en étant largement soumis à la censure. L’Indépendant Rémois est toutefois supprimé dès le 5 janvier 1871 par les Allemands sous prétexte de la publication à plusieurs reprises d’articles hostiles à l’occupation. Quant au directeur et au rédacteur en chef du Courrier de la Champagne, ils sont régulièrement convoqués à la Préfecture pour s’expliquer sur le contenu de certains articles publiés.
Les Rémois souffrent de l’occupation et invectivent les Allemands dans la rue. La municipalité doit appeler au calme. Parallèlement, plus de 3000 ouvriers du textile sont au chômage, comme de nombreux ouvriers du bâtiment. Plus du tiers de la population a recours au Bureau de bienfaisance pour survivre. Les Rémois ont des difficultés pour se ravitailler et manquent de charbon pour se chauffer. L’ambiance dans la ville est rendue détestable par de nombreuses rixes.
Les Allemands organisent à Reims le centre de leur gouvernement des régions occupées. Ils publient à partir du 10 octobre, un journal, le Moniteur officiel du gouvernement général, pour donner des nouvelles notamment de la guerre. Ce journal sera supprimé le 31 mars 1871 après 35 numéros.
Plusieurs Rémois sont arrêtés et emprisonnés dans la forteresse de Magdebourg : les docteurs Thomas, Brébant et Henri Henrot, le rédacteur de l’Echo sparnacien Henri Menu et le banquier Deullin. Ils sont accusés d’être en lien avec le gouvernement français ou d’avoir protesté contre les impôts perçus par les occupants.
L’armée d’occupation est estimée à 5500 hommes. Ces derniers sont logés dans la caserne Colbert, dans les bâtiments de l’Ecole professionnelle de la rue Libergier, dans des baraquements de la rue Gerbert et Clairmarais, ou encore chez des habitants
L'abbé Charles-Eugène Miroy, symbole de la résistance aux Prussiens
A plusieurs reprises, des francs-tireurs s’en prennent à des soldats allemands, notamment dans la Montagne de Reims. Les autorités allemandes découvrent lors de leur enquête que certains de ces tirailleurs trouvent refuge chez le curé de Cuchery, village près de Châtillon-sur-Marne. L’abbé Miroy a en effet accepté de cacher des armes dans l’église du village et au sein du presbytère. Il est dénoncé et arrêté le 11 février. Il est conduit à Reims, condamné à mort par un Conseil de guerre et fusillé le 12. Il est enterré dans un caveau réalisé par le sculpteur rémois René de Saint-Marceaux dans le cimetière du Nord. Le monument est inauguré le 23 mai 1873.
L’abbé Miroy était né à Mouzon (Ardennes) en 1828.
V
La délivrance de Reims
Le 29 janvier 1871, un armistice est signé. Adolphe Thiers, chef du Pouvoir exécutif de la République française, le ratifie le 1er mars. Il est définitivement signé à Francfort le 10 mai : la France cède alors l’Alsace (excepté le territoire de Belfort), une majeure partie de la Lorraine et s’engage à payer une indemnité de guerre de 5 milliards de francs. Le gouvernement général est ainsi supprimé le 29 mars 1871, mais les troupes prussiennes n’évacuent la ville que le 6 novembre 1872, après 26 mois de présence dans la ville. Le coût de l’invasion et de l’occupation est très important pour la ville. Il est estimé à 4 millions de francs. Cette somme a servi à l’entretien de l’armée prussienne, à la nourriture et au logement des troupes, aux travaux de voiries et aux dépenses de casernement.