Un certain regard
L'album de photographies de René Thorel
L’album de photographies de René Thorel
En 2021, la bibliothèque a fait l'acquisition d'un album de 98 photographies prises par René Thorel. L'album présente la vie du 347e Régiment d'Infanterie, chaque photographie mesure 6 x 9 cm et la plupart sont légendées.
La parole à Christophe Lagrange, membre de la Société d’histoire et d’archéologie de Sedan
Le 347e Régiment d’Infanterie dans Reims, bombardée en 1915
BM Reims, Estampes Recueil 156
Trouver de nouvelles données concernant le 347e régiment d'infanterie n'arrive pas tous les jours. Ce fut le cas en septembre dernier grâce à une publication sur la page Facebook des musées de Reims.
Quel plaisir de découvrir l’album de photographies prises par René Thorel à Reims et dans ses environs pendant l’année 1915. Le capitaine René Thorel commandait la 24e compagnie du 347e RI, arrivé à Reims au lendemain du bombardement de la cathédrale. Il décida de photographier la vie quotidienne des soldats ainsi que la destruction du patrimoine architectural et culturel rémois.
Cet album de photographies est conservé dans les collections précieuses de la bibliothèque Carnegie et mis en ligne sur le site Patrimoine des bibliothèques de Reims.
Quelques recherches seront nécessaires pour compléter l’identification des différents hommes effectuée par René Thorel à l’époque. Ces photographies, qui complètent l’iconographie du 347e RI, permettront probablement aux familles de ces hommes de reconnaître un grand-père, un grand-oncle, un cousin… Elles témoignent également de la dureté des combats au Linguet, que René Thorel nomme « la Merdouillerie ». De nombreuses photos de groupe nous rappellent le quotidien de ces soldats : la soupe que l’on porte aux copains en poste aux tranchées, la partie de cartes, la toilette, le coiffeur ou encore les fameuses feuillées, W.-C. des militaires.
Rendez-vous sur le blog du 347e RI pour retrouver d’autres évocations illustrées des portraits réalisés par René Thorel qui fut tué le 8 juin 1916 à Thiaumont, près de Fleury-devant-Douaumont. Parmi les premières évocations, celle du lieutenant Surchamp, connu plus tard comme radio reporter sous le nom d’Alex Surchamp, qui réalisa la première interview d’un certain colonel De Gaulle en mai 1940.
Christophe Lagrange, membre de la Société d’histoire et d’archéologie de Sedan :
En retraçant le parcours des hommes de sa famille pendant la Première Guerre mondiale, Christophe Lagrange a appris que l’un de ses grands-oncles avait servi au 147e régiment d’infanterie de Sedan. De fil en aiguille, il a élargi ses recherches aux morts pour la France de ce régiment. Il partage ses recherches en publiant celles-ci sur les différents blogs qu’il a créés dont l’un sur le 147e RI (régiment d’active) et l’autre sur le 347e RI (régiment de réserve), ce qui lui a permis de retrouver plusieurs descendants de Poilus.
Des broderies inspirées de Georges Baussonnet
Des broderies inspirées par Georges Baussonnet
Au début de l’année 2021, la brodeuse professionnelle Stéphanie Bena s’est intéressée aux dessins de broderie de Georges Baussonnet conservés à la bibliothèque Carnegie. Cet ornemaniste du XVIIe siècle, qui a vécu sous le règne d’Henri IV et de Louis XIII, a dessiné des motifs d’ornementation pour les métiers d’art (orfèvrerie, menuiserie, ébénisterie, tapisserie, broderie, ferronnerie).
La parole à Stéphanie Bena
De la recherche à la découverte
En tant que brodeuse professionnelle, j’effectue régulièrement des recherches sur différents styles de broderie (broderie portugaise, broderie perlée à l’aiguille…). Je mène aussi des recherches sur le dessin linéaire car, sans dessin, il n’y a pas de broderie. Ma principale source d’informations est le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France : on y trouve aussi bien des périodiques sur la broderie que des ouvrages d’apprentissage du dessin linéaire et de l’ornementation datant du XIXe et du début du XXe siècle.
Au cours de ces recherches, j’ai découvert un dessin de broderie réalisé par Georges Baussonnet, un Rémois du XVIIe siècle. Ma curiosité était piquée : il fallait que j’en sache plus sur ce Rémois qui dessinait des motifs de broderie. En poursuivant mes recherches sur internet, j’ai appris que la bibliothèque Carnegie possédait un recueil des dessins de Baussonnet, que j’ai pu consulter, compulser et feuilleter. J’avais sous les yeux des dessins originaux faits à la plume et à la mine de plomb avec quelques touches de peinture. A chaque page, mon émerveillement grandissait. Des annotations du dessinateur accompagnent ses dessins : le destinataire et l’usage prévu pour le motif, comment il doit être brodé (technique or ou nuancée, couleurs et texture des fils ou des tissus), ainsi que la personne ayant réalisé la broderie. Je fais de même avec mes propres créations.
Quand le XXIe siècle permet de faire redécouvrir le XVIIe siècle avec une technique développée au XIXe siècle
Ses dessins m’ont tellement séduite que j’ai décidé de les broder à mon tour à ma manière, à l’aiguille et au crochet de Lunéville. C’est ce qui est génial avec la broderie : on peut mixer sur un même motif différentes techniques, différentes matières (coton, laine, soie, plastique, perles, paillettes, plumes, métal…), le plat et le relief, le flocage sur tissu. Avant de broder, il faut sélectionner les dessins et les supports (tableau, bijou, sac). Il y a une redondance dans certains sujets traités par Baussonnet : les insectes volants, les fleurs stylisées voire hybrides et les entrelacs basés sur la forme d’un cœur. Je me concentre donc sur ces motifs.
Une fois les motifs sélectionnés et retravaillés (avec des éléments en plus ou en moins, avec une meilleure symétrie), s’opère la sélection des fournitures et de leurs couleurs. J’ai opté pour le fil de rayonne qui est une soie artificielle, le fil de soie, des perles, paillettes et cuvettes, cannetilles, plumes, strass. La palette de couleurs est très vaste également : bleu, rouge, jaune, vert, marron, violet, rose, or, blanc dans différentes nuances. Vient ensuite le choix des tissus qui accueilleront les broderies : simili cuir pour les sacs, toile de coton pour les tableaux, suédine pour les bijoux. S’ajoutent à cela de l’organdi et du velours pour les applications. Tous ces tissus sont des fins de stock que j’achète en mercerie. La dernière étape avant de réaliser une broderie est la préparation des calques pour le transfert des dessins sur tissu.
Quand je brode, il arrive que le rendu ne corresponde pas à ce que j’espérais. Dans ce cas, je démonte et rebrode autrement ou avec une autre fourniture. C’est ce qui arrive avec les dessins de Baussonnet, beaucoup plus qu’avec mes propres créations. Quand je crée une broderie, j’ai déjà une image mentale de ce que je veux : il ne me reste plus qu’à la concrétiser. Et quand ma broderie correspond en tous points à cette image mentale, j’ai réussi mon travail. Pour Baussonnet je n’ai pas d’image mentale, parce que les dessins ne viennent pas de mon cerveau mais du sien. La difficulté que je rencontre est de ne pas dénaturer ses dessins, de bien transmettre la sensibilité et la beauté qui s’en dégagent. En fait, ce n’est pas aussi simple à broder qu’un abécédaire. Mais c’est un challenge que je suis heureuse de relever. C’est un très gros projet auquel je fais face et je n’en suis qu’au début.
=> Lisez son interview pour La Lettre des Artisans de la Chambre des Métiers
Le parcours de Stéphanie Bena
Née à Vitry-le-François, cette brodeuse d’art est spécialisée en broderie perlée de Lunéville et en broderie aiguille. Passionnée depuis son enfance par la broderie, elle cousait avec sa mère les habits de ses poupées et des abécédaires. Diplômée en études supérieures à la faculté de Lettres de Nancy, elle a travaillé quinze ans dans le spectacle vivant et l’évènementiel en technique et en administratif. En 2017, Stéphanie Bena se reconvertit, obtient en 2018 un C.A.P Arts de la Broderie, dominante main et ouvre son atelier à Vitry-le-François en 2019. Sa passion est devenue sa profession. Visitez son site internet !
La reconstruction de la bibliothèque Holden
La reconstruction de la bibliothèque Holden
En mai 2018, Christophe Capet a remis à la bibliothèque municipale, en format numérique, une photographie relative à la reconstruction de la bibliothèque Holden afin d'alimenter le fonds iconographique sur Reims conservé dans les collections patrimoniales de la bibliothèque Carnegie.
La parole à Christophe Capet à propos d'une photographie de la bibliothèque Holden
Au décès de ma grand-mère (mars 2018), en débarrassant la maison, nous sommes tombés sur les albums photos de la famille. Une photo a plus particulièrement retenu notre attention.
Reconstruction de la bibliothèque Holden. BM Reims, XLVI Cb 10
On peut y voir mon arrière-arrière-grand-père (5ème à partir de la gauche) Pierre Alexandre CAPET (1872-1946) ainsi que mon arrière-grand-père (6ème à partir de la Gauche tenant son père par l'épaule) Robert Auguste CAPET (1901- 1982) en train de reconstruire la bibliothèque Holden (place Brouette) endommagée durant le premier conflit mondial.
CAPET Pierre était né le 16 novembre 1872 à St Martin Ste Catherine (Creuse) ; agriculteur de montagne devenu maçon, il était venu à Reims pour travailler avant la 1ère guerre. Il épousera Adrienne POIRET née le 16 juillet 1875, à Jonchery-sur-Vesle le 28 mai 1898. Pierre sera mobilisé au 46ème Régiment d’Infanterie Territorial de Reims durant la guerre où il sera gazé. Il décédera à Reims le 19 décembre 1946 des suite de ses blessures.
Adrienne, le suivra quelque temps après, le 21 janvier 1947, morte de chagrin. Leur fils Robert né le 2 mai1901 à Reims, était devenu maçon dans la même entreprise que son père (d’après nos souvenirs ce devait être la Société DEMAY).
La photo n’est hélas pas légendée mais on peut penser qu’elle doit dater du milieu des années vingt puisque Robert était soldat en occupation en Allemagne de 1920 à 1923. Coïncidence de la vie, Robert aura un fils, CAPET Hugues, né le 15 juin 1923 à Reims qui épousera la fille d’un maçon du Limousin (Odette = ma grand-mère) venu pour la reconstruction de la ville de Reims, avec son épouse (famille CROUZILLE/BOUTEILLOUX d’Ambazac Haute Vienne).
La boucle était bouclée.
Bibliothèque Holden. BM Reims, XLVI Cb 08
La cité-jardin du Chemin-Vert
La cité-jardin du Chemin-Vert
En octobre 2017,Dominique Potier, vice-président de l'association des Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert, a remis à la bibliothèque Carnegie, un ensemble de photographies relatives à la cité-jardin du Chemin-Vert offertes par l'association des Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert.
A cette occasion, la parole a été donnée à Dominique Potier pour commenter l'une de ces photographies.
La parole à Dominique Potier à propos de la cité-jardin du Chemin-Vert
L'association des Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert
Depuis maintenant près de 6 ans l'association “Les Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert” agit, en concertation avec le Foyer Rémois, pour la mise en valeur et la restauration de l'église Saint-Nicaise de Reims ainsi que pour la préservation et la réhabilitation du mobilier et la promotion culturelle, artistique et touristique de ce lieu de culte remarquable.
Des documents inédits sur la cité-jardin
A l'occasion de l'aménagement de l'ancienne salle de catéchisme, désormais espace d'accueil et d'exposition et “Trésor de Saint-Nicaise”, l'association s'est rapprochée de l'entreprise Léon GROSSE à Aix-les-Bains qui réalisa, de 1921 à 1925, l'édification de la Cité-Jardin du Chemin-Vert (arch. JM Auburtin) et de la Cité-Jardin des Trois-Fontaines (arch. J de la Morinerie), à Reims pour le compte du Foyer Rémois. L'ouverture et la mise à disposition des archives de l'entreprise Léon GROSSE ont permis la collecte et la numérisation d'un grand nombre de documents inédits. De plus, l'entreprise Léon GROSSE a souhaité remettre à l'association “Les Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert” un certain nombre de photographies d'époque qu'elle détenait en plusieurs exemplaires.
Une photographie méconnue, témoin de la pouponnière du Chemin-Vert
BM Reims, boîte Chemin Vert, CJCV 128
Parmi ces clichés réalisés par Marcel CHRETIEN, l'un des grands photographes de la période de la reconstruction de Reims, j'ai choisi celui, méconnu, d'une scène de bain d'un jeune enfant à la Maison de l'Enfance, au Chemin-Vert. Cette photographie exprime au mieux la volonté profonde de Georges CHARBONNEAUX, fondateur du Foyer Rémois, de participer à une œuvre humaine et sociale tout entière dédiée à l'épanouissement de la famille et à la natalité.
Pour tous renseignements, vous pouvez vous adresser à :
Association Amis de Saint-Nicaise du Chemin-Vert
8, rue Lanson, 51100 Reims
Tél. 06 38 69 27 69
Voir le site dédié à l'association
Le Gisant de l'Abbé Miroy
Le Gisant de l'Abbé Miroy
Samedi 1er juillet 2017, Lucette Turbet, présidente de l'association René de Saint-Marceaux, a présenté à la bibliothèque Carnegie, une conférence sur le sculpteur rémois Saint-Marceaux, intitulée Carte blanche à Lucette Turbet - Une face cachée de Saint-Marceaux : les documents de Carnegie. Cette conférence a permis au public de découvrir cette belle représentation d'époque du Gisant de l'Abbé Miroy.
La parole à Lucette Turbet à propos du Gisant
L'histoire de l'Abbé Miroy
Pendant la guerre de 1870, Charles-Eugène Miroy, curé de Cuchery, a caché des armes dans son église pour les soustraire aux occupants. Il disait : "La qualité de citoyen ne s'efface pas devant l'état de prêtre". Arrêté, jugé sommairement, il est fusillé le 12 février 1871 quelques jours après la signature de l’armistice.
Saint-Marceaux a 25 ans quand il réalise ce bronze sous le coup de l'émotion ; c'est un chef-d'œuvre qui lui apporte la reconnaissance avec une médaille de sculpture de seconde classe.
Puis il se forme, voyage, étudie et réalise en 1879-80 deux œuvres qui remportent les suffrages du public : le Génie gardant le secret de la tombe et le fameux Arlequin.
L'art de Saint-Marceaux
Saint-Marceaux produit ensuite quantité de bustes de célébrités du monde littéraire, théâtral, scientifique, musical, invitées le plus souvent par son épouse, Marguerite, qui tient un salon de musique très réputé à Paris.
Il s'attache à traduire le mouvement, à rendre le lourd bronze aussi léger qu'un rêve : c'est le Monument de l'Union Postale Universelle à Berne.
Sculpteur discret malgré sa fortune issue du commerce des vins de champagne, René de Saint-Marceaux est méconnu même dans sa ville natale. Son "Gisant" au cimetière du Nord était pourtant devenu le symbole de ce lieu de mémoire depuis 1873. Caché pendant les deux guerres mondiales, "l'Abbé Miroy" était toujours fleuri par des mains anonymes. Il a été enlevé en 2006 par la municipalité pour le protéger des voleurs de métaux avec la perspective d'une copie en résine. Depuis 11 ans, le socle est resté vide. Le Bronze fut exposé temporairement deux fois au musée des Beaux-Arts de Reims -2013/2016 - et au Cellier de Reims fin 2016 sous forme d'une photo grand format d'Arno Gisinger.
BM Reims, Menu A-42
Pour approfondir l'histoire de l’abbé Charles Miroy
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Henri VIDAL, Gloire aux martyrs, 1870-1872. Le Drame de Cuchery. Reims : Matot-Braine, 1873, CHBM 1599
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Victor DIANCOURT, Les Allemands à Reims en 1870 : aperçu historique. Reims : libr. F. Michaud, 1883, DRP 45
L'association René de Saint-Marceaux
Nous voulons retrouver le symbole de notre petit Père Lachaise, effigie de ce résistant d'avant-garde et tournant de la sculpture funéraire.
C'est pourquoi j'ai créé avec des amis-es une association pour nous permettre de revoir cette oeuvre émouvante et historique ; c'est notre première action, conforme aux buts de l'association : "entretenir et honorer la mémoire de Saint-Marceaux et veiller à la mise en valeur de ses oeuvres".
La souscription actuelle pour la copie en résine est semblable à celle de 1871 pour le bronze original.
Pour tous renseignements, vous pouvez vous adresser à :
Association René de Saint-Marceaux
1, rue d'Artois 51350-Cormontreuil
saintmarceaux@orange.fr
Voir le site dédié à Saint-Marceaux