Syracuse

Le règne animal
Un film de Thomas Cailley
France 2023, 2h03. Avec Romain Duris, Paul Kircher, Adèle Exarchopoulos.

Dans un monde en proie à une vague de mutations qui transforment peu à peu certains humains en animaux, François fait tout pour sauver sa femme, touchée par ce phénomène mystérieux. Alors que la région se peuple de créatures d'un nouveau genre, il embarque Émile, leur fils de 16 ans, dans une quête qui bouleversera à jamais leur existence.

La séance Controverse, le rendez-vous mensuel du cinéma différent et impertinent destiné à un public averti de 15 ans s'ouvre à différents regards. Cette séance est proposée et accompagnée par Claude Bégué , animateur de ciné-club. La séance est suivie d'un échange avec le public.
En présence d'un membre de l'équipe du film (sous réserve).

LE REGNE ANIMAL
( L’ Appel de la Forêt )
« Le Règne Animal « imagine un monde frappé par une épidémie inédite à base de
mutations physiques et psychiques qui dissout progressivement la frontière entre
l’homme et l’animal et qui oriente le récit du côté du conte ou de la fable .
Cette hybridité introduit une fluctuation constante entre réalisme, horreur d’une évolution-
involution inéluctable, merveilleux et poésie.
« Le Règne Animal » est de ces films où opère la métamorphose redoutée et où le seul
espace de rencontre possible se trouve dans les profondeurs forestières, à la fois horizon
et impensé de l’humanité ( c’est dans la forêt que le film nous réserve ses plus belles
scènes)
Le Fantastique se nourrit d’un imaginaire traditionnel qui prend racine dans la paysage et
il faudra toute la durée du film pour en éprouver toutes les virtualités, sa part secrète , à
l’abri de l’ordre républicain ( le véritable antagoniste ).
Le choix du titre est assez étrange qui spécule sur un temps postérieur au film; celui-ci se
situant au crépuscule de l’humanité qui vit la fin de son règne avant un retour à la nature
ou plutôt à l’anti-nature pour ce qui est des hommes .
Ce serait alors une pré-dystopie en marche à la manière de David Cronenberg et ses
fictions utopistes.
Serais-ce pour autant une promesse d’avenir tant Thomas Cailley semble craindre , à
l’unisson de ses personnages, la propre étrangeté de ce nouveau monde soumis à un
ordre qui ne peut tolérer l’altérité dans l’espace public ?
La grande qualité de ce film est à trouver dans cette interrogation-là , la crainte d’une
expulsion hors-champ des créatures , leur tragique destin graphique et politique.
Reste ,pour l’instant, de l’humain, la puissance du désir, l’acceptation de la
transformation , un corps nouveau qui se fond dans la forêt vers « l’ailleurs » et l’invisible .
Claude Bégué

Pour voir la bande-annonce:
https://www.youtube.com/watch?v=K1pfR_IC7pU