Yves Gibeau (1916-1994)


Biographie
Une enfance et une carrière marquées par l’autorité militaire
Yves Gibeau est né le 3 janvier 1916 à Bouzy dans la Marne. Son père biologique était un soldat marié. Il est adopté à la fin de la guerre par Alexandre Gibeau, sergent d’infanterie coloniale, qui a épousé sa mère en juin 1918. Il grandit ainsi dans des pensionnats militaires, en France et à l’étranger, au gré des affectations de son père. Il obtient son Certificat d’études à Avaux (Ardennes) où son père est devenu cultivateur. Il intègre ensuite l’Ecole militaire des Andelys en octobre 1929, puis l’Ecole technique de Tulle et enfin le Centre de perfectionnement de Saumur.
Réfractaire à l’autorité, ces années sont particulièrement difficiles pour lui. Il le raconte dans le roman Allons z’enfants (1952). Il entame toutefois une carrière militaire jusqu’à devenir brigadier-chef. Il revient à la vie civile en janvier 1939 quelques mois avant le début de la Seconde Guerre mondiale. Appelé sous les drapeaux, il est fait prisonnier en juin 1940. Il témoigne de sa captivité en Allemagne dans son roman Le Grand Monôme, paru en1946.
Une brillante carrière journalistique et littéraire
De par son enfance et sa carrière, Yves Gibeau est devenu farouchement antimilitariste. A la Libération, il devient critique de spectacles pour le journal Combat, puis il entre comme correcteur à la revue Constellation. Il y restera vingt ans.
Il poursuit sa carrière d’écrivain et publie La fête continue… en 1951, Les gros sous en 1954, La guerre, c’est la guerre en 1961 et un ouvrage collectif avec le photographe Gérard Rondeau sur le Chemin des Dames en 1983.
Yves Gibeau obtient le Grand prix de Littérature sportive en 1957 pour son roman La ligne droite (1956). Il y raconte le retour à la vie d’un athlète allemand durement éprouvé physiquement et psychologiquement par la guerre 1939-1945.
En 1968, il débute son travail de réviseur au journal L’Express où il propose aussi des mots croisés. Il prend sa retraite en mars 1981 et écrit son dernier livre en 1988, Mourir idiot.
Une retraite dans un haut lieu d’histoire militaire
Yves Gibeau se retire dans l’ancien presbytère du village de Roucy (Aisne), tout proche du Chemin des Dames. Il fait ériger à ses frais une stèle aux Bois des Buttes (Aisne), là où le poète Guillaume Apollinaire fut blessé le 17 mars 1916.
Il décède dans sa maison à l’âge de 78 ans le 14 octobre 1994. Il est inhumé dans le cimetière de Craonne (Aisne), aux côtés de soldats morts pendant la guerre 1914-1918.
Sources : Les fantômes du chemin des Dames : le presbytère d'Yves Gibeau / Gérard Rondeau (Paris : Seuil, 2003) ; Articles dans le journal l'Union des 15 et 16 avril 1961 et du 15 octobre 1994, dans Le Figaro du 17 octobre 1994 et dans Le Monde des 16 et 17, et du 21 octobre 1994.