Victor Charlier (1866-1939)
Biographie
Bibliothécaire rémois
Victor Charlier est né le 25 juin 1866 à Saverne (Bas-Rhin). Il s’installe à Reims au début des années 1890 et suit une formation artistique auprès du peintre Charles-Edmond Daux (1855-1937). En parallèle, il entreprend une carrière de bibliothécaire et est nommé « garçon de salle » de la bibliothèque de Reims, alors située dans l’Hôtel de ville, en 1893. Il y effectue un travail consciencieux au service des fonds patrimoniaux et des usagers, pour lesquels Charlier réalise parfois des copies photographiques de certains documents précieux et rares.
Dès le début de la Première Guerre mondiale, il demande à être intégré au service des Allocations militaires et devient un observateur privilégié du conflit à Reims. Toutes ses observations sont consignées dans un journal tenu quotidiennement par Charlier. A la fin de la guerre, il réintègre les effectifs de la bibliothèque jusqu’à sa retraite en 1922. En 1929, Charlier revient sur le sauvetage des fonds de la bibliothèque lors de la Grande Guerre dans une brochure qui dénonce le rôle providentiel attribué à Henri Loriquet, devenu conservateur à la fin du conflit.
Artiste polyvalent
Victor Charlier est également un artiste polyvalent, pratiquant la photographie, le dessin, la calligraphie mais également la peinture. Les fonds de la bibliothèque Carnegie conservent plusieurs recueils photographiques représentant des documents de la bibliothèque, des archives et des musées de Reims, ainsi que divers lieux de Reims et édifices religieux marnais.
L’artiste exerce l’art du portrait avec brio, comme en témoigne un ensemble de 60 dessins conservés dans les collections du musée-hôtel le Vergeur. Ces portraits représentent un large panel de Rémois : les agents et les lecteurs de la bibliothèque, des figures de la vie artistique rémoise telles que Marguerite Sartor, autrice du catalogue des œuvres du Musée de Reims en 1909, mais également des personnalités comme Victor Diancourt, maire de Reims et sénateur, sur son lit de mort. Lors des Semaines d’aviation de Champagne, en 1909 et 1910, Charlier réalise des portraits de grandes figures de cette discipline : Louis Blériot, l’ardennais Roger Sommer et Elise Deroche, dite baronne Raymonde de Laroche, première femme à obtenir un brevet de pilote en 1910.
Illustrateur de livres
Victor Charlier pratique également l’illustration de livres, ce dont témoignent les fonds de la bibliothèque Carnegie. Il conçoit ainsi entre 1901 et 1908 un ensemble de 252 planches enluminées et calligraphiées pour les Fables de Jean de la Fontaine. Charlier adopte un style résolument Art Nouveau pour l’illustration de ces fables, tant dans la typographie que par l’emploi du motif « coup de fouet » pour les encadrements. En 1909, il réalise une copie entièrement calligraphiée et illustrée du Chanteur de Kimé, nouvelle d’Anatole France, pour Victor Diancourt. Cet ouvrage met en scène la figure mythique d’Homère, que Charlier dépeint dans de superbes paysages à l’antique, peuplés de ruines.
La fin de son existence est marquée par des collaborations avec sa fille Isabelle, peintre et professeur à l’Ecole des Beaux-Arts, pour la création d’un recueil illustré dédié à Jeanne d’Arc et la réalisation d’une fresque en hommage aux victimes de la guerre dans l’église Saint-Thomas.
Victor Charlier décède le 9 novembre 1939. Son corps repose aujourd’hui au cimetière du Nord.