René Daumal (1908-1944)
Portrait
Bibliographie
Biographie
Né le 16 mars 1908 à Boulzicourt (Ardennes), René Daumal est un poète, critique, essayiste, indianiste et écrivain français. Cet auteur du Grand Jeu, influencé par Alfred Jarry et Arthur Rimbaud , produit de nombreux textes pataphysiciens et possède une connaissance approfondie du sanskrit (langue des premiers textes religieux hindous). Il décède de la tuberculose le 21 mai 1944 à 36 ans.
Phrères Simplistes et Grand Jeu
Le jeune ardennais arrive à Reims en 1922, il se lie d’amitié avec Roger Gilbert-Lecomte, Roger Vailland et Robert Meyrat. Ensemble, ils forment le groupe des « phrères simplistes ». Influencés par Arthur Rimbaud (1854-1891) et Gérard de Nerval (1808-1855), le quatuor se donne pour but de percer les mystères de l'existence et même d'en franchir les limites connues par le moyen de ce qu'ils nomment alors "la métaphysique expérimentale". Pour ce faire, les jeunes gens flirtent avec le danger et multiplient les excès (alcool, tabac, roulette russe…). Réunis autour d’une passion commune pour la poésie, les phrères écrivent leurs premiers textes qu’ils publient dans Apollo, la revue de leur lycée. En 1925, René Daumal prépare l'École Normale Supérieure au lycée Henri-IV à Paris. Il correspond avec ses amis et fait la rencontre du peintre Josef Sima (1891-1971) grâce à Pierre Minet, auteur lui aussi originaire de Reims. En juin 1928, sous le patronage du peintre, le groupe d’amis lance la revue Le Grand Jeu. Cette publication répond à l’appel à la révolte des Surréalistes tout en exposant de nouvelles idées. En 1929, André Breton, chef de file des Surréalistes, cherche à dissoudre le Grand Jeu. Il déstabilise Vailland qui quitte le groupe. Puis il propose à Gilbert-Lecomte et Daumal de rejoindre les Surréalistes. C’est dans le troisième et dernier numéro de la revue du Grand Jeu que Daumal fait part de sa réponse négative à André Breton.
Recherche spirituelle
Alors qu’il étudie à Paris, René Daumal poursuit ses recherches sur les autres stades de conscience en abusant de divers produits qui fragilisent durablement sa santé. Il décide de se désintoxiquer, devient une sorte d’ascète et se plonge dans la recherche spirituelle pour échapper à ses démons. Fasciné par l’Inde depuis toujours, il poursuit sa quête d’absolu à travers une réflexion sur la philosophie indienne. Il se lance dans l’étude du sanskrit et s’initie ainsi aux textes philosophiques et religieux indiens. Il rédige une grammaire du sanskrit publiée en 1985. Considéré comme un véritable indianiste, il est souvent sollicité pour participer à des publications sur l’Inde et sa philosophie. En 1930, par l’intermédiaire d’Alexandre de Salzmann, il s’initie à la philosophie de Gurdjieff, rompt avec son ancienne vie littéraire et goute à sa « métaphysique expérimentale ».
La ‘Pataphysique
Influencé très tôt par Alfred Jarry, René Daumal manifeste tout au long de sa vie un réel intérêt pour la ‘Pataphysique. Dès l’époque des simplistes, les phrères se réfèrent à « Bubu », un personnage inspiré du Roi Ubu dépeint par Jarry dans Ubu roi. On retrouve également l’esprit jarryque dans la gidouille qui orne la couverture de la revue Le Grand Jeu. Au cours de sa vie, Daumal consacre plusieurs textes à la ‘Pataphysique. Entre 1934 et 1935 dans la Nouvelle Revue Française (NRF), puis en 1941, dans la revue Fontaine, il tient une rubrique consacrée à la doctrine exposée dans les Gestes et Opinions du Dr Faustroll, pataphysicien. Ces textes sont aujourd’hui réunis dans le livre Ecrits pataphysiques (2016). Du fait de sa mort prématurée en 1944, René Daumal n’a pas l’occasion de rejoindre le Collège de ‘Pataphysique, créé à Reims en 1948. Malgré tout, les ‘Pataphysiciens ont partagé ses textes dans leurs Cahiers et autres publications.
Son Œuvre
Durant l'hiver 1932-1933, Daumal part aux États-Unis en tant qu’attaché de presse auprès du danseur Uday Shankar qu’il suit dans sa tournée. Cette période est relatée dans La Grande Beuverie qui parait en 1938. De retour en France, il vit difficilement de ses traductions de l’anglais et du sanskrit ainsi que de ses articles à la NRF. Il publie un recueil de poésie, Le Contre-Ciel, en 1936, en 1940, vient le tour de La guerre sainte. Très atteint par la tuberculose, René Daumal séjourne beaucoup à la montagne pour se soigner. Avec sa compagne Véra Milanova, qui est juive, il assiste à la défaite de la France et à l’avènement du gouvernement Pétain. C’est dans des conditions de vie très difficiles que René Daumal se lance dans l’écriture de son œuvre majeure, Le Mont Analogue qui, bien qu’incomplète, est publiée en 1952. Cette dernière n’est jamais achevée, du fait de la disparition précoce de René Daumal emporté par la tuberculose le 21 mai 1944.