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Thillois au cours du temps, monographie de Georges Thibault (1872-1954), instituteur à Thillois (1902-1906)
Thillois au cours du temps : un manuscrit de Georges Thibault (1872-1954), instituteur à Thillois (1902-1906)
Le livre Thillois au cours du temps : monographie de Georges Thibault (1872-1954), instituteur à Thillois (1902-1906), est né de la découverte d'une consistante monographie de la commune de Thillois (Ms 2505) conservée à la bibliothèque Carnegie de Reims lors de recherches. Ces recherches consistaient à rassembler de la documentation pour le livre-monument « Thillois dans la Grande Guerre 1914-1918 », publié en 2019 par la Commission du Centenaire 14-18 de la commune de Thillois, désormais dénommée : Commission Culture, Mémoire & Patrimoine. Cette monographie est constituée de 14 cahiers représentant 369 pages manuscrites dans un format de 225 mm par 170 mm et rangés dans un portefeuille en demi-reliure de toile noire. Chaque cahier constitue un chapitre traitant d’un sujet spécifique qui conte un aspect de la dynamique vitale de la commune. La masse des archives consultées, analysées et mises ainsi en ordre par Georges Thibault nous permet d'aborder pas moins de 700 ans de l'évolution d'une commune rurale de la Champagne. Bien que remarquable, cette monographie ne fut pourtant jamais publiée dans son ensemble et l’unique exemplaire connu fut offert en personne par l’auteur à la ville de Reims en 1928, qui l’intégra à la réserve précieuse de la Bibliothèque municipale.
La parole à Jean-Baptiste Scharffhausen, contributeur et membre de la commission Culture, Mémoire & Patrimoine de Thillois.
La commission Culture, Mémoire & Patrimoine de Thillois a donc décidé au cours de l’année 2020 de mettre en forme ce projet d’édition du manuscrit avec l’autorisation de la ville de Reims et avec le concours de la commune de Thillois. Poursuivant l’idée de rendre le patrimoine vivant, la commission s’engagea à rechercher les descendants de Georges Thibault afin de les informer de la démarche et de tenter d’enrichir la publication par des documents provenant de l’auteur même. Les recherches généalogiques aboutirent à un contact fructueux pris avec le petit-fils par alliance de Georges Thibault et gendre de Charles Thibault. Parue fin 2022, cette édition présente donc pour la première fois la copie intégrale du manuscrit original dans une belle publication colorisée et illustrée d’images fournies par les descendants de l’auteur, mais également issues d’archives de la commune et des familles anciennes de Thillois.
Pour en revenir aux liens qui unirent le destin de la commune de Thillois à la vie de Georges Thibault, c’est très exactement le 21 avril 1902 que débuta cette fructueuse relation, lorsqu’il devint le 38 e instituteur public de la commune. Georges Thibault assuma pleinement sa fonction, qui sous un certain aspect s’apparenterait davantage à une mission. Étendant son action bien au-delà des limites bâties de l’école, il sut profiter des richesses de la culture et de la nature locale pour augmenter le niveau d’instruction, le degré de connaissance et l’épanouissement des enfants de toutes conditions et de tous âges dont il avait la charge. Toutefois, si vertueuse était-elle, sa mission au sein du village s’acheva le 1 er octobre 1906, date à laquelle il fut nommé à Ville-en-Tardenois.
C’est donc durant cette courte et intense période de quatre années et demie que Georges Thibault engagea ses vastes recherches et rédigea la monographie de la commune où, selon son idéal et ses mots, il œuvra « à rendre la population consciente dans une marche ascendante de l'humanité vers la justice et le bonheur ». Humaniste et sûrement visionnaire, près de cent vingt ans plus tard, la population de Thillois reste toujours aussi sensible à cet ample et incomparable apport de connaissances. En son temps, cette monographie de Thillois recevait déjà tous les honneurs puisqu’elle fut couronnée en 1906 par une médaille d'or au Concours « Histoire et Archéologie » de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du Département de la Marne, Ancienne Académie de Châlons fondée en 1750 encore autrement dénommée Société Académique de la Marne (ou SACSAM51). Le rapport de l’Académie avançait une fine analogie entre le sens profond de l’ouvrage de Georges Thibault et le rôle fécond et vivant de la cellule biologique en tant que métaphore du village. Et c’est bien parce que cet ouvrage contient les germes de la vie collective, qu’il reste toujours aussi présent et dynamique. Les cent vingt dernières années de l’histoire de la commune qui suivirent l’arrivée de Georges Thibault ne pourraient que s’y ajouter sans rien y retrancher.
Dans la préface du livre, la commission se demande si Georges Thibault aurait, au long de sa vie, maintenu un quelconque lien avec la commune de Thillois. Fait encore improuvable, elle y avance cependant l’idée qu’après un tel engagement « Thillois » ne quitta jamais l’esprit de Georges Thibault. Au cours de sa vie dédiée à l’éducation et à la richesse sociale et culturelle rémoise, il est probable que quelques-unes de ses actions et pensées se référaient secrètement aux émotions et aux souvenirs que produisirent en lui la charmante commune de Thillois. Aujourd’hui, Thillois a de nouveau l’honneur d’accueillir et d’abriter Georges Thibault, tant physiquement par la présence de son œuvre dans la bibliothèque municipale, sur le lieu même où était l’école de jadis et dans les foyers des habitants, qu’immatériellement par sa présence renouvelée dans la mémoire collective de ce village qui fut le sien.
Les membres de la commission Culture, Mémoire & Patrimoine de Thillois : Messieurs Denis Poncelet (Maire), Richard Gauthier (Président de la commission et 1er Adjoint au Maire), Benoît Philippoteaux (Conseiller Municipal), Jean-Baptiste Scharffhausen (préfacier, mise en page, illustrations, Architecte et enseignant) et Robert Joly. Avec la collaboration de Monsieur Michel Dausseur, ancien membre de la commission et responsable de la Bibliothèque municipale de Thillois.
L'album de photographies de René Thorel
L’album de photographies de René Thorel
En 2021, la bibliothèque a fait l'acquisition d'un album de 98 photographies prises par René Thorel. L'album présente la vie du 347e Régiment d'Infanterie, chaque photographie mesure 6 x 9 cm et la plupart sont légendées.
La parole à Christophe Lagrange, membre de la Société d’histoire et d’archéologie de Sedan
Le 347e Régiment d’Infanterie dans Reims, bombardée en 1915
BM Reims, Estampes Recueil 156
Trouver de nouvelles données concernant le 347e régiment d'infanterie n'arrive pas tous les jours. Ce fut le cas en septembre dernier grâce à une publication sur la page Facebook des musées de Reims.
Quel plaisir de découvrir l’album de photographies prises par René Thorel à Reims et dans ses environs pendant l’année 1915. Le capitaine René Thorel commandait la 24e compagnie du 347e RI, arrivé à Reims au lendemain du bombardement de la cathédrale. Il décida de photographier la vie quotidienne des soldats ainsi que la destruction du patrimoine architectural et culturel rémois.
Cet album de photographies est conservé dans les collections précieuses de la bibliothèque Carnegie et mis en ligne sur le site Patrimoine des bibliothèques de Reims.
Quelques recherches seront nécessaires pour compléter l’identification des différents hommes effectuée par René Thorel à l’époque. Ces photographies, qui complètent l’iconographie du 347e RI, permettront probablement aux familles de ces hommes de reconnaître un grand-père, un grand-oncle, un cousin… Elles témoignent également de la dureté des combats au Linguet, que René Thorel nomme « la Merdouillerie ». De nombreuses photos de groupe nous rappellent le quotidien de ces soldats : la soupe que l’on porte aux copains en poste aux tranchées, la partie de cartes, la toilette, le coiffeur ou encore les fameuses feuillées, W.-C. des militaires.
Rendez-vous sur le blog du 347e RI pour retrouver d’autres évocations illustrées des portraits réalisés par René Thorel qui fut tué le 8 juin 1916 à Thiaumont, près de Fleury-devant-Douaumont. Parmi les premières évocations, celle du lieutenant Surchamp, connu plus tard comme radio reporter sous le nom d’Alex Surchamp, qui réalisa la première interview d’un certain colonel De Gaulle en mai 1940.
Christophe Lagrange, membre de la Société d’histoire et d’archéologie de Sedan :
En retraçant le parcours des hommes de sa famille pendant la Première Guerre mondiale, Christophe Lagrange a appris que l’un de ses grands-oncles avait servi au 147e régiment d’infanterie de Sedan. De fil en aiguille, il a élargi ses recherches aux morts pour la France de ce régiment. Il partage ses recherches en publiant celles-ci sur les différents blogs qu’il a créés dont l’un sur le 147e RI (régiment d’active) et l’autre sur le 347e RI (régiment de réserve), ce qui lui a permis de retrouver plusieurs descendants de Poilus.
Des broderies inspirées de Georges Baussonnet
Des broderies inspirées par Georges Baussonnet
Au début de l’année 2021, la brodeuse professionnelle Stéphanie Bena s’est intéressée aux dessins de broderie de Georges Baussonnet conservés à la bibliothèque Carnegie. Cet ornemaniste du XVIIe siècle, qui a vécu sous le règne d’Henri IV et de Louis XIII, a dessiné des motifs d’ornementation pour les métiers d’art (orfèvrerie, menuiserie, ébénisterie, tapisserie, broderie, ferronnerie).
La parole à Stéphanie Bena
De la recherche à la découverte
En tant que brodeuse professionnelle, j’effectue régulièrement des recherches sur différents styles de broderie (broderie portugaise, broderie perlée à l’aiguille…). Je mène aussi des recherches sur le dessin linéaire car, sans dessin, il n’y a pas de broderie. Ma principale source d’informations est le site Gallica de la Bibliothèque nationale de France : on y trouve aussi bien des périodiques sur la broderie que des ouvrages d’apprentissage du dessin linéaire et de l’ornementation datant du XIXe et du début du XXe siècle.
Au cours de ces recherches, j’ai découvert un dessin de broderie réalisé par Georges Baussonnet, un Rémois du XVIIe siècle. Ma curiosité était piquée : il fallait que j’en sache plus sur ce Rémois qui dessinait des motifs de broderie. En poursuivant mes recherches sur internet, j’ai appris que la bibliothèque Carnegie possédait un recueil des dessins de Baussonnet, que j’ai pu consulter, compulser et feuilleter. J’avais sous les yeux des dessins originaux faits à la plume et à la mine de plomb avec quelques touches de peinture. A chaque page, mon émerveillement grandissait. Des annotations du dessinateur accompagnent ses dessins : le destinataire et l’usage prévu pour le motif, comment il doit être brodé (technique or ou nuancée, couleurs et texture des fils ou des tissus), ainsi que la personne ayant réalisé la broderie. Je fais de même avec mes propres créations.
Quand le XXIe siècle permet de faire redécouvrir le XVIIe siècle avec une technique développée au XIXe siècle
Ses dessins m’ont tellement séduite que j’ai décidé de les broder à mon tour à ma manière, à l’aiguille et au crochet de Lunéville. C’est ce qui est génial avec la broderie : on peut mixer sur un même motif différentes techniques, différentes matières (coton, laine, soie, plastique, perles, paillettes, plumes, métal…), le plat et le relief, le flocage sur tissu. Avant de broder, il faut sélectionner les dessins et les supports (tableau, bijou, sac). Il y a une redondance dans certains sujets traités par Baussonnet : les insectes volants, les fleurs stylisées voire hybrides et les entrelacs basés sur la forme d’un cœur. Je me concentre donc sur ces motifs.
Une fois les motifs sélectionnés et retravaillés (avec des éléments en plus ou en moins, avec une meilleure symétrie), s’opère la sélection des fournitures et de leurs couleurs. J’ai opté pour le fil de rayonne qui est une soie artificielle, le fil de soie, des perles, paillettes et cuvettes, cannetilles, plumes, strass. La palette de couleurs est très vaste également : bleu, rouge, jaune, vert, marron, violet, rose, or, blanc dans différentes nuances. Vient ensuite le choix des tissus qui accueilleront les broderies : simili cuir pour les sacs, toile de coton pour les tableaux, suédine pour les bijoux. S’ajoutent à cela de l’organdi et du velours pour les applications. Tous ces tissus sont des fins de stock que j’achète en mercerie. La dernière étape avant de réaliser une broderie est la préparation des calques pour le transfert des dessins sur tissu.
Quand je brode, il arrive que le rendu ne corresponde pas à ce que j’espérais. Dans ce cas, je démonte et rebrode autrement ou avec une autre fourniture. C’est ce qui arrive avec les dessins de Baussonnet, beaucoup plus qu’avec mes propres créations. Quand je crée une broderie, j’ai déjà une image mentale de ce que je veux : il ne me reste plus qu’à la concrétiser. Et quand ma broderie correspond en tous points à cette image mentale, j’ai réussi mon travail. Pour Baussonnet je n’ai pas d’image mentale, parce que les dessins ne viennent pas de mon cerveau mais du sien. La difficulté que je rencontre est de ne pas dénaturer ses dessins, de bien transmettre la sensibilité et la beauté qui s’en dégagent. En fait, ce n’est pas aussi simple à broder qu’un abécédaire. Mais c’est un challenge que je suis heureuse de relever. C’est un très gros projet auquel je fais face et je n’en suis qu’au début.
=> Lisez son interview pour La Lettre des Artisans de la Chambre des Métiers
Le parcours de Stéphanie Bena
Née à Vitry-le-François, cette brodeuse d’art est spécialisée en broderie perlée de Lunéville et en broderie aiguille. Passionnée depuis son enfance par la broderie, elle cousait avec sa mère les habits de ses poupées et des abécédaires. Diplômée en études supérieures à la faculté de Lettres de Nancy, elle a travaillé quinze ans dans le spectacle vivant et l’évènementiel en technique et en administratif. En 2017, Stéphanie Bena se reconvertit, obtient en 2018 un C.A.P Arts de la Broderie, dominante main et ouvre son atelier à Vitry-le-François en 2019. Sa passion est devenue sa profession. Visitez son site internet !
Le Gisant de l'Abbé Miroy
Le Gisant de l'Abbé Miroy
Samedi 1er juillet 2017, Lucette Turbet, présidente de l'association René de Saint-Marceaux, a présenté à la bibliothèque Carnegie, une conférence sur le sculpteur rémois Saint-Marceaux, intitulée Carte blanche à Lucette Turbet - Une face cachée de Saint-Marceaux : les documents de Carnegie. Cette conférence a permis au public de découvrir cette belle représentation d'époque du Gisant de l'Abbé Miroy.
La parole à Lucette Turbet à propos du Gisant
L'histoire de l'Abbé Miroy
Pendant la guerre de 1870, Charles-Eugène Miroy, curé de Cuchery, a caché des armes dans son église pour les soustraire aux occupants. Il disait : "La qualité de citoyen ne s'efface pas devant l'état de prêtre". Arrêté, jugé sommairement, il est fusillé le 12 février 1871 quelques jours après la signature de l’armistice.
Saint-Marceaux a 25 ans quand il réalise ce bronze sous le coup de l'émotion ; c'est un chef-d'œuvre qui lui apporte la reconnaissance avec une médaille de sculpture de seconde classe.
Puis il se forme, voyage, étudie et réalise en 1879-80 deux œuvres qui remportent les suffrages du public : le Génie gardant le secret de la tombe et le fameux Arlequin.
L'art de Saint-Marceaux
Saint-Marceaux produit ensuite quantité de bustes de célébrités du monde littéraire, théâtral, scientifique, musical, invitées le plus souvent par son épouse, Marguerite, qui tient un salon de musique très réputé à Paris.
Il s'attache à traduire le mouvement, à rendre le lourd bronze aussi léger qu'un rêve : c'est le Monument de l'Union Postale Universelle à Berne.
Sculpteur discret malgré sa fortune issue du commerce des vins de champagne, René de Saint-Marceaux est méconnu même dans sa ville natale. Son "Gisant" au cimetière du Nord était pourtant devenu le symbole de ce lieu de mémoire depuis 1873. Caché pendant les deux guerres mondiales, "l'Abbé Miroy" était toujours fleuri par des mains anonymes. Il a été enlevé en 2006 par la municipalité pour le protéger des voleurs de métaux avec la perspective d'une copie en résine. Depuis 11 ans, le socle est resté vide. Le Bronze fut exposé temporairement deux fois au musée des Beaux-Arts de Reims -2013/2016 - et au Cellier de Reims fin 2016 sous forme d'une photo grand format d'Arno Gisinger.
Pour approfondir l'histoire de l’abbé Charles Miroy
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Henri VIDAL, Gloire aux martyrs, 1870-1872. Le Drame de Cuchery. Reims : Matot-Braine, 1873, CHBM 1599
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Victor DIANCOURT, Les Allemands à Reims en 1870 : aperçu historique. Reims : libr. F. Michaud, 1883, DRP 45
L'association René de Saint-Marceaux
Nous voulons retrouver le symbole de notre petit Père Lachaise, effigie de ce résistant d'avant-garde et tournant de la sculpture funéraire.
C'est pourquoi j'ai créé avec des amis-es une association pour nous permettre de revoir cette oeuvre émouvante et historique ; c'est notre première action, conforme aux buts de l'association : "entretenir et honorer la mémoire de Saint-Marceaux et veiller à la mise en valeur de ses oeuvres".
La souscription actuelle pour la copie en résine est semblable à celle de 1871 pour le bronze original.
Pour tous renseignements, vous pouvez vous adresser à :
Association René de Saint-Marceaux
1, rue d'Artois 51350-Cormontreuil
saintmarceaux@orange.fr
Voir le site dédié à Saint-Marceaux