La caricature humoristique
Le dessin d’humour vise à présenter avec détachement la réalité, de manière à en dégager des aspects plaisants ou insolites, parfois même absurdes.
La caricature voulue comme une moquerie ou une critique s’attaque principalement à des individus par le procédé du portrait-charge. Cette technique repose sur un équilibre entre la part de ressemblance du portrait pour garantir l’identification et la part de déformation par une attaque physique, en vue de charger ledit portrait pour le rendre drôle. Le procédé le plus employé est le portrait-charge à grosse tête sur petit corps exploité par des artistes comme Nadar (1820-1910), Gill (1840-1885) ou Lemot (1846-1909) dans Le Monde pour Rire ou la Scie.
Le portrait en buste ou buste-charge est inspiré par Daumier (1808-1879), qui modèle en 1832 une quarantaine de bustes en terre crue polychrome caricaturant des personnalités politiques. Ces sculptures sont présentées de face ou de profil, avec exagération partielle et jeu d’ombre et de lumière. Sébastien Masson (1817-1881) reprend cette technique pour charger des édiles rémois comme Eugène Courmeaux ou Jacques-Joseph Macquart.
La technique de l’exagération ou modification du portrait propose une nouvelle « norme » anatomique : les petits deviennent grands, les maigres deviennent gros et vice-versa ; les grands sont exagérément plus grands, les gros exagérément plus gros.
Le zoomorphisme consiste à attribuer des caractéristiques animales à la personne chargée, qu’elles soient comportementales, morphologiques ou symboliques, mais toujours en vue de se moquer. C’est par exemple la représentation d'Adolphe Thiers en coq par Faustin (1847-1914) ou de l’avocat rémois d’Alfred Dreyfus, Fernand Labori, en âne par Lenepveu.
La petite anecdote
De nombreux caricaturistes ont choisi d’utiliser des pseudonymes.
Emmanuel Poiré (1858-1909) est né à Moscou. Son pseudonyme Caran d’Ache, vient de « karandach », qui veut dire crayon en russe.
Charles-Amédée de Noé (1818-1878) choisit le pseudonyme de Cham pour plusieurs raisons. C’est non seulement la contracture de ses deux prénoms, mais aussi un jeu de mot avec son nom de famille. Dans la Genèse, Cham est l’un des trois fils de Noé.
Georges Goursat (1863-1934) est un admirateur de Cham. Il choisit le pseudonyme de Sem qui est le prénom de l’un des deux autres enfants de Noé.
Louis-Alexandre Gosset de Guines (1840-1888) opte pour le pseudonyme de Gill afin de rendre hommage au tableau de Watteau intitulé Gilles.