Manuscrits
A la loupe !
A la loupe !
La bibliothèque de Reims est une des bibliothèques municipales les plus riches de France.
Elle conserve plus de 3000 manuscrits du VIIème siècle à nos jours.
800 manuscrits du Moyen Âge
Ils proviennent des confiscations opérées à la Révolution auprès des établissements ecclésiastiques de la ville :
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le chapitre de la cathédrale de Reims, lieu du sacre des rois.
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les abbayes Saint-Remi, Saint-Nicaise et Saint-Denis.
Parmi ces manuscrits médiévaux figure un ensemble de 51 manuscrits carolingiens du IXème siècle.
Ils sont consultables en ligne et dans leur intégralité sur le site Europeana regia
CcFr
Pour en savoir plus !
Ms 2863
Livre d’heures à l’usage de Reims
Reims, vers 1450
Depuis le lancement de l’exposition Trésors, rareté, curiosité, renommée le 21 septembre 2019, vous avez pu découvrir pendant trois mois les nombreuses pépites conservées à la bibliothèque de Reims et également voter pour votre coup de cœur. Aujourd’hui, nous sommes heureux de vous présenter le trésor ayant remporté le plus de voix : un livre d’heures à l’usage de Reims (manuscrit 2863). A venir un dossier complet sur ce magnifique document.
La bibliothèque de Reims a pu acquérir ces dernières années plusieurs livres d’heures du XVe siècle enluminés par un même maître, longtemps appelé le maître du Walters 269 d’après un manuscrit conservé à Baltimore (Etats-Unis), mais récemment rebaptisé par les spécialistes de l’enluminure française du XVe siècle « maître des heures Cuissotte », en l’honneur d’un des manuscrits acquis par la bibliothèque ayant appartenu à Marguerite Cuissotte. C’est un enlumineur encore anonyme mais très reconnaissable et de grand talent.
Le manuscrit 2863 comporte cinq enluminures attribuées par quatre éminents spécialistes, Christopher de Hamel, Gregory T. Clark, François Avril et Maxence Hermant au Maître du Walters 269. Cette identification est manifeste à l’examen des enluminures, qui se rapprochent des autres œuvres du corpus.
Les enluminures sont un peu frottées par endroit. L’état de détérioration de la Crucifixion est en soi intéressante, car cela témoigne des pratiques de dévotion personnelle au cours du XVe siècle, avec les visages du Christ et de saint Jean aux contours et aux traits du visage effacés. En effet, cela signifie que ce livre d’heures, livre de piété à l’usage des laïcs, était très utilisé, manipulé et pieusement embrassé.
Le format très petit de ce manuscrit, livre d’heures « de poche » au sens propre, est inhabituel comparé aux autres formats de livres d’heures déjà présents dans les collections de la bibliothèque. Par ailleurs, autre rareté, le fait que l’ouvrage soit écrit en partie en français et en partie en latin.
Ms 7
Evangiles de Saint-Thierry, dits d’Hincmar
Reims, deuxième moitié du IXème siècle
Le manuscrit est parvenu jusqu’à nous par le biais des saisies révolutionnaires, avec la confiscation des bibliothèques des abbayes. Comme leur nom l’indique, ces évangiles proviennent du monastère Saint-Thierry (rattaché à l'abbaye Saint-Remi en 1777) fondé au début du VIème siècle dans les environs de Reims, par Thierry, un disciple de saint Remi.
Ce monastère a bénéficié, pour toute la seconde moitié du IXème siècle, des libéralités de l’archevêque de Reims Hincmar (806-882). Parmi ces dons, composés principalement de livres liturgiques, il y a notamment ce manuscrit. Il témoigne d’une période faste de l’enluminure carolingienne rémoise, sous l’épiscopat d’Hincmar.
Ces évangiles nous sont malheureusement parvenus mutilés : seuls subsistent du décor original les tables des canons*, le portrait de saint Matthieu (la seule représentation des quatre évangélistes à avoir subsisté dans ce manuscrit), et quelques initiales ornées dessinées à l’encre brune.
Ms 255
Evangéliaire slavon en caractères cyrilliques. XIème siècle.
Epistolier-évangéliaire slavon en caractères glagolitiques. 1395.
Manuscrit le plus célèbre de la bibliothèque, il est porteur d’une forte charge symbolique. Il fait l’objet d’une légende tenace selon laquelle l’évangeliaire slavon a appartenu à la reine Anne de Kiev, qui l’aurait rapporté en France au XIème siècle.
Ce manuscrit a été offert en cadeau à la cathédrale de Reims la veille de Pâques 1574 par le cardinal de Lorraine, archevêque de Reims de 1538 à sa mort. Ce bibiophile fit en effet des dons prestigieux à la cathédrale.
Selon une tradition très plausible, les rois de France prêtaient serment sur cet évangéliaire. Le cérémonial du sacre fait une allusion directe à un recueil d’évangiles pour les serments de l’Ordre du Saint-Esprit et de Saint-Louis. L’inventaire du mobilier de la cathédrale datant du 4 janvier 1790 mentionne également "un texte d’evangiles, à deux caracteres, servant pour le sacre". Cela est d’autant plus crédible que la reliure, avant 1793, était richement ornée d’un Christ contenant une relique de la Vraie Croix. L’évangéliaire aurait donc servi pour les serments du sacre à partir d’Henri III, premier roi sacré après l’arrivée du manuscrit en 1574.
Ms 993
Le livre des Propriétés des choses
Début du XVème siècle, avant 1415
Ce manuscrit richement enluminé comporte la traduction par Jean Corbechon d’un texte écrit en latin au XIIIème siècle, De proprietatibus rerum de Barthélémy l’Anglais. Ce texte fut traduit en français au XIVème siècle, à la demande de Charles V roi de France de 1364 à 1380. Cette vaste somme encyclopédique connut beaucoup de succès.
L'exemplaire conservé à la bibliothèque municipale de Reims fut acquis par le duc Jean de Berry en 1415 à Paris, auprès du libraire Regnault du Montet. Il comporte de très belles vignettes enluminées, notamment une suite remarquable de 38 portraits d’oiseaux.
Ms 1321
Pomponius Mela. Cosmographie ; Ethicus. Cosmographie ; Itinéraire dit d’Antonin
Début du XVème siècle
Ce recueil de textes de géographie a été copié en 1417 à Constance, pour le Cardinal Guillaume Fillastre (1348-1428), pré-humaniste et prélat bibliophile.
Guillaume Fillastre fut membre et doyen du chapitre de la cathédrale avant d’être élevé au titre de cardinal (1411), puis de légat pontifical (1418). Il a exercé un rôle décisif dans la résolution du grand Schisme d’Occident, au concile de Constance (1414-1418), lequel a permis une circulation des idées et des textes sans précédent depuis la fin de la période antique et est considéré, à ce titre, comme un des grands marchés aux livres de la première Renaissance.
Depuis Rome, Florence ou Constance, et grâce à un réseau dense de contacts dans toute l’Europe savante, Guillaume Fillastre a pu réunir une importante collection de manuscrits qu’il a destinés pour la plupart au chapitre de Reims. Alors qu’il siégeait au concile de Constance (1414-1418), il se fit copier des livres, qu'il fit ensuite envoyer à la bibliothèque du chapitre de Reims.
Ce manuscrit compte deux très belles pages enluminées, qui portent toutes deux les armes du donateur. La seconde représente, dans le O majuscule du début du texte, une mappemonde entourée d’anges et renfermant la carte des trois continents alors connus.
Ms 233
Missale plenarium, ad usum ecclesiae Beatae Mariae Parisiensis
XVème siècle
Ce missel, à l’usage de Notre-Dame de Paris, faisait partie de la bibliothèque du chapitre cathédral de Reims et a rejoint les collections de la bibliothèque municipale de Reims par le biais des saisies révolutionnaires.
Des enluminures à pleine page ornent ce manuscrit, notamment une représentation de la Crucifixion.
Ms 1335
Quinte-Curce. Vie d’Alexandre
Traduite par Vasque de Lucène. 2ème moitié du XVème siècle (vers 1468)
Ce manuscrit provient de la bibliothèque du Collège des Jésuites de Reims, fermé en 1762, lors de la dissolution de l’ordre par le Parlement de Paris. L’ex-libris manuscrit en latin « Collegii remensis soc Jesu Catalogo insciptus » témoigne de cette provenance.
Cet ouvrage est décoré d’une façon somptueuse, de miniatures à histoires décrivant les hauts faits de la vie d’Alexandre le Grand. Le texte est la traduction française de Quinte-Curce, rédigée par Vasque de Lucène à la demande du duc de Bourgogne, Charles le Téméraire.
Les scènes représentées font preuve d’un grand réalisme, et introduisent une certaine profondeur de champ.
Manuscrit de Paul Fort
À 6 ans à peine, la vie éloigne Paul Fort de Reims, où il est né en 1872 : ses parents déménagent à Paris, où il poursuit ses études et s’engage sur la voie du théâtre et de la littérature.
Mais il n’oublie pas sa ville natale, et chante la cathédrale de son enfance, plaçant sa naissance presque au pied de Notre-Dame de Reims :
« Devant elle, près du “Lion d’Or”, je naquis. – Enfant, les yeux encor brouillés de paradis, je la rêvais. »
Ms 2855
Le "Cahier bleu" de Georges Bataille
Début du XXème siècle
En 2016, la bibliothèque a accquis un cahier d'écolier à la couverture bleue contenant notamment Le Mystère du spectre de la cathédrale Notre-Dame de Rheims, première version d'un texte publié en 1918 par G. Bataille, sur la cathédrale de Reims et son martyre durant la Première Guerre mondiale.
Ce manuscrit, ainsi que la correspondance et la photographie qui l’accompagnent, sont intimement liés à l’histoire personnelle de Georges Bataille, qui a passé sa jeunesse à Reims, où ses parents s’étaient installés, et qui doit la quitter en août 1914, du fait des bombardements et de l’avancée des Allemands.
C’est un document émouvant et intime écrit par un écrivain majeur du 20ème siècle, alors à l’aube d’une grande carrière, et qui illustre - de façon littéraire – le terrible destin de la ville de Reims durant la Première guerre.