Focus sur le cryptoportique de Reims (place du Forum)
texte : Service patrimoine de la ville de Reims
La place du forum
Historique du cryptoportique
Les Rèmes, alliés de Rome
Au Ier siècle avant J.-C., les Rèmes, nation belge, contrôlent un territoire allant de la Marne à la source de l’Oise, des bords du Tardenois à l’Argonne et aux Ardennes. Des oppida (centres d’artisanat et d’échanges) ponctuent ce territoire dont Durocorter (Reims) au croisement de voies.
Au cours de la Guerre des Gaules, les peuples belges décident de s’allier face aux Romains. Seuls les Rèmes optent pour Rome. En reconnaissance de cette alliance, César élève leur cité au rang de cité fédérée (indépendante). Durocortorum est choisie à la fin du Ier s. avant notre ère comme capitale de la Gaule Belgique.
Une cité gallo-romaine
Sous l’empereur Auguste, la ville est redessinée, adoptant un plan en damier pour les rues. Cette nouvelle capitale, conçue tant sous la pression démographique et économique que pour des raisons de prestige, atteint les dimensions impressionnantes de 600 ha, ce qui en superficie en fait l’une des plus importantes du monde romain.
Aux quartiers artisanaux ou résidentiels répondent tous les attributs d’une ville romaine : forum, thermes, aqueduc, amphithéâtre, sanctuaires, arcs (porte Mars)…
Le forum, cœur de la ville antique
Le forum est l’un des emblèmes majeurs de la civilisation romaine. D’abord développé à Rome, le modèle est exporté dans l’ensemble des provinces conquises. Il concentre les activités administratives, judiciaires, commerciales, civiles et religieuses.
Le forum de Reims se situe au cœur de la ville et à la rencontre des deux axes principaux Cardo (nord – sud – av. de Laon, rues Université et Barbâtre) et Decumanus (est – ouest – av. Jean-Jaurès, rues Cérès et Vesle). Ses dimensions sont de 100 m de large sur 250 m de long (emprise de la place du Forum à la place des Martyrs de la Résistance actuelles).
Un forum tripartite
Au Nord devait se situer l’aire religieuse occupée par un temple dédié au culte de l’empereur et aux divinités tutélaires.
Au centre, une grande esplanade devait accueillir toutes les activités publiques.
Au sud - à l’emplacement de l’actuelle sous-préfecture - le forum devait être fermé par la curie (lieu des assemblées locales) et la basilique civile (cour de justice).
De la réutilisation…
Au IIIe siècle ap. J.-C., les monuments gallo-romains sont progressivement démantelés pour récupérer les matériaux. Au IVe siècle, la ville est entourée d’une nouvelle enceinte de 60 ha. Le cryptoportique doit sa survie à sa réutilisation par les habitants de la place des marchés (actuelle place du Forum). Transformées en caves, les galeries sont cloisonnées.
…à la redécouverte
En 1838, en réalisant le futur marché couvert, l’architecte Narcisse Brunette découvre cette cavité. Les premières hypothèses s’orientent vers des thermes.
À la suite de la Première Guerre mondiale, les années 1920 sont marquées à Reims par la Reconstruction. Cette période est aussi propice à une prise de conscience patrimoniale. La ville demande en 1923 le classement des vestiges romains. Les fouilles entreprises révèlent un bâtiment en U, identifient un cryptoportique (portique souterrain) et permettent le dégagement de la galerie est. Ce n’est qu’au début des années 1980 que le cryptoportique est ouvert au public.
Les fonctions du cryptoportique
Le cryptoportique appartient à l’aire sacrée du forum. Dans une volonté de mise en scène, le temple est entouré d’un portique monumental (plus de 5 m de haut) avec pour soubassement un cryptoportique semi-enterré. Une entrée atteste d’un usage autre qu’architectural. Plusieurs hypothèses sont avancées : promenade, lieu de rencontre ou de discussion, voire marché couvert en lien avec les boutiques à l’est.
Un monument remarquable
Un monument remarquable
Le monument se compose de 3 galeries formant un U. Les deux parallèles (ouest et est) mesurent 60 m de long, celle fermant le forum au nord mesure 100 m. Un accès au sud de la galerie est a été repéré (vestiges de l’escalier à côté de l’abside), indiquant l’entrée romaine.
Le cryptoportique comprend deux nefs, séparées par des piliers en pierre de taille et couvertes d’une voûte d’arête.
Les murs en petits moellons liés au mortier de tuileau (mélange de chaux et de fragments de terre cuite) et les piliers étaient entièrement décorés de peintures murales. Des traces rouges sont encore visibles au niveau des soubassements des niches et des piliers, alors que des bandes vertes et blanches se distinguent au niveau des niches.
Une galerie d’assainissement doublant le mur ouest servait de protection contre l’humidité et d’isolation thermique. Ce dispositif se retrouve au cryptoportique de Bavay.
La datation du cryptoportique se révèle difficile. Suite à des études d’archéomagnétisme réalisées sur des briques de l’édifice, les spécialistes penchent aujourd’hui pour le Ier siècle ap. J.-C.
Aujourd’hui une dizaine de cryptoportiques ont été retrouvés dans le monde romain dont quatre en France (Arles, Bavay, Narbonne et Reims).
Iconographie sur le cryptoportique
Service de l’archéologie – Grand Reims
Service de l'archéologie - Grand Reims
Le service archéologie de Reims Métropole, puis du Grand Reims, a été créé en 2008 pour contribuer au développement du territoire en réalisant les opérations d’archéologie préventive en amont des projets ainsi que pour contribuer à la valorisation des richesses culturelles et scientifiques de l’archéologie pour la collectivité.
Agréé par le Ministère de la Culture et de la Communication, il réalise des opérations de diagnostics et de fouilles préventives. Le service est doté de nombreuses compétences et spécialités, allant de la période néolithique (- 5300 av. J.C.) à la période contemporaine, et de l’archéozoologie à la céramologie.
Pour plus d'informations sur le Reims antique, consultez le site internet de l'INRAP : https://multimedia.inrap.fr/atlas/reims/archeo-reims