Fernand Labori (1860-1917)
Portrait
Biographie
A la recherche de sa vocation
Fernand Labori est né à Reims le 18 avril 1860 d’un père alsacien et d’une mère champenoise. Il se destine à une vie de fonctionnaire et se dirige vers des études classiques au lycée de Reims, puis prépare son entrée à l’Ecole Polytechnique. Rêvant d’un avenir moins monotone, Labori décide la veille de son entrée au service militaire, qu’il sera négociant en champagne. Après deux ans en Angleterre et en Allemagne, le commerce du vin ne l’épanouit guère et le jeune homme aspire à d’autres ambitions que le nettoyage et le rangement des bouteilles. Il souhaite devenir avocat.
La révélation de son talent
En 1880, Fernand Labori s’installe à Paris pour intégrer la Faculté de Paris et obtient dès sa première année un premier prix de Code civil, puis en 1883 un premier prix de Droit romain. A seulement 24 ans, il est reçu licencié, s’inscrit au barreau de la Cour et se construit une vie confortable. Fort de ses succès, il est nommé second secrétaire de la Conférence des Avocats en 1888 et prononce avec enthousiasme et conviction un discours de rentrée sur le Collier de la Reine annonçant une brillante carrière. Sa passion pour le droit, ses efforts et son amour du travail l’ont poussé à devenir un avocat estimé mais aussi redouté.
Une place en vue au Palais
Très vite, Fernand Labori se fait une place de choix au Palais et plaide devant la cour d’assises bien qu’il soit davantage civiliste. Il affirme son goût pour les affaires civiles et criminelles retentissantes telles que celles des parricides de Niort, l’affaire de Virgile-Plista dit « l’assassin aux bottes », ou encore de l’anarchiste Vaillant « le dynamiteur du Palais-Bourbon ». La mémoire collective se rappelle de Maître Labori pour son engagement dans des affaires célèbres comme l’affaire Dreyfus, le procès de Picquart ou encore celui d’Emile Zola en 1898. En faveur de la liberté de la presse, il n’hésite pas à prendre position sur les affaires judiciaires en cours dans les journaux de l’époque.
Un homme aux multiples facettes
Très épris de littérature, Labori devient rédacteur en chef du quotidien de la presse judiciaire la Gazette du Palais de 1884 à 1894, dirige la publication du Répertoire Encyclopédique de Droit français et fonde en 1896 la Revue du Palais, devenue la Grande Revue qu’il dirige jusqu’en 1904. De grands noms ont écrit des articles littéraires dans la Grande Revue tels qu’Anatole France, Raymond Poincaré, Ernest Daudet, Edmond Rostand ou encore Léon Blum.
Tout en restant fidèle au Palais, il s’investit en politique, se présente comme candidat de la « République Démocratique » dans l’arrondissement de Fontainebleau en 1902 et en 1906. Il est également inscrit au groupe de la Gauche Radicale et fait partie de la Commission de la Réforme Judiciaire. En 1905, ses confrères le nomment membre du Conseil de l’ordre des Avocats de Paris, organe délibérant, législatif et disciplinaire du barreau.
En décembre 1916, Maître Labori accepte une dernière plaidoirie alors qu'il est malade. Souffrant de crises d'étouffements, de manque de sommeil et de douleurs au coeur, il part avec un esprit combattant accompagné de sa femme à Calais pour sa dernière affaire. Jusqu’à la veille de l'audience, son entourage doute fortement de sa présence, mais à l'ouverture de l'audience, Labori est à son poste. Son discours le porte des heures, qu'importe le prix à payer pour cet ultime effort. Avocat passionné, Fernand Labori aurait aimé être frappé en pleine plaidoirie à la barre en pleine action. C'est finalement loin du tribunal que cette personnalité publique décède le 14 mars 1917 à Paris.