Emmanuel Peillet (1914-1973)
Portrait
Fonds Emmanuel Peillet
Les fonds conservés à la bibliothèque Carnegie
La bibliothèque municipale de Reims conserve un fonds d’archives du Collège de ‘Pataphysique, issu du don de Raymond Fleury, archiviste du Collège. Il est constitué de documents variés : ouvrages et dossiers documentaires, archives des publications, photographies, correspondances… Ce fonds a été déposé à la bibliothèque en 1999 et donné à la ville en 2014 ; il est ouvert à la consultation et décrit sur le Catalogue collectif de France.
Ce fonds a par la suite été complété par les archives et la bibliothèque d’Emmanuel Peillet, suite à un don de son légataire Rafaël de Luc, pataphysicien, ainsi que par les archives de plusieurs autres membres du Collège.
Biographie
Emmanuel Peillet est né le 21 janvier 1914 à Reims. Après sa scolarité dans cette ville, il entre en 1932 en école préparatoire littéraire au lycée Henri-IV à Paris. C’est à cette période qu’il découvre l’œuvre d’Alfred Jarry, notamment les Gestes et opinions du Docteur Faustroll, pataphysicien.
Un professeur de philosophie amateur de photographie
Emmanuel Peillet commence à gagner sa vie en donnant des cours de lettres ou de philosophie. Il écrit au sein de diverses revues et fournit des illustrations avec ses dessins ; il est notamment en 1938 rédacteur en chef d’Essais et combats, revue mensuelle de la Fédération des Étudiants Révolutionnaires.
Entre 1938 et 1939, il occupe un poste de professeur de philosophie au lycée Chanzy de Charleville. En 1939, il publie Philosophie du départ, poèmes illustrés par ses propres photographies, qui précèdent un commentaire du Psaume 113-114 de la Bible.
A partir de 1941, il devient professeur de philosophie au lycée de Reims, obtenant son agrégation en 1942. Il y rencontre certains futurs membres du Collège de ‘Pataphysique, parmi les professeurs ou les élèves. Il poursuit sa carrière au lycée Michelet à Vanves de 1948 à 1957, puis au lycée Louis-le-Grand à Paris jusqu’à sa retraite en 1970.
Emmanuel Peillet pratique la photographie, se consacrant à des thèmes variés, et propose ses clichés comme illustrations pour des revues. Il expose plusieurs fois entre 1943 et 1954 : par exemple, une exposition sur les « Églises et châteaux de la vallée de l’Ardre », à la bibliothèque municipale de Reims en 1951, ou bien sur « Rimbaud et les saisons d’Ardenne », à Saint-Germain-des-Prés en 1954.
Un pataphysicien amateur de cactus
En 1948, à Paris, l’écrivain et critique Maurice Saillet, que fréquente Emmanuel Peillet, lance l’idée d’un « Collège de ‘Pataphysique ». L’idée se concrétise, et le Collège est cofondé par Saillet, Peillet, ainsi que Jean-Hugues Sainmont, le Docteur Sandomir, Mélanie Le Plumet, Oktav Votka (divers pseudonymes d'Emmanuel Peillet).
Le Collège met en place sa hiérarchie et ses grades, ainsi qu’un calendrier pataphysicien, et publie à partir de 1950 sa revue "Viridis Candela". Ses premiers membres, issus de l’entourage d’Emmanuel Peillet, sont majoritairement originaires de Reims ou de la région. Puis, les effectifs augmentent progressivement. Le Collège de ‘Pataphysique voit adhérer des membres des milieux littéraires et artistiques, tels Raymond Queneau, Jacques Prévert, Boris Vian, Max Ernst, Eugène Ionesco ou d’autres.
Emmanuel Peillet consacre, jusqu’à la fin de sa vie, une part importante de son temps au Collège, à l’organisation de ses activités et à la confection de ses publications. En 1961, il participe aux premières réunions de l’Oulipo, Sous-Commission du Collège, dont les premiers travaux sont présentés dans la revue de ce dernier.
Dans les années 1960, Emmanuel Peillet développe une passion pour les cactus, accompagnée d’une véritable érudition sur le sujet. Il possède chez lui un très grand nombre de ces plantes, acquises auprès de fournisseurs spécialisés, qu’il photographie assidûment, notamment aux périodes de floraison. Il réalise en 1968 un recueil manuscrit de portraits de personnalités ayant marqué l’histoire du cactus.
Emmanuel Peillet décède à Paris le 1er septembre 1973.