Charles-Maurice Le Tellier (1642-1710)
Portrait
Biographie
Charles-Maurice Le Tellier est né à Turin le 18 juillet 1642 et mort à Paris le 22 février 1710. Il est archevêque-duc de Reims de 1671 à 1710. Fils de Michel Le Tellier et frère cadet du marquis de Louvois, tous deux ministres auprès de Louis XIV, il est destiné à l’état ecclésiastique dès son plus jeune âge. Après de brillantes études à l’Université de Paris, il obtient sa licence en théologie en 1664, puis son doctorat en 1666.
Un archevêque dynamique
Après ses études, Charles-Maurice Le Tellier voyage en Italie, doté de lettres de recommandation du roi. En 1668, il devient coadjuteur d’Antonio Barberini (1607-1671), alors archevêque-duc de Reims, et à la mort de ce dernier en août 1671, lui succède au siège. Il reprend en main toute l’administration du diocèse, un peu délaissée par ses prédécesseurs. De 1673 à 1679, il organise une inspection générale de tous les doyennés1, étudiant pour chaque localité l’état des édifices religieux, le niveau d’instruction, la fréquentation des églises ou encore l’état des écoles. Il prolonge ce qui avait été initié par le Cardinal de Lorraine (1524-1574), à savoir le développement de l’Université de Reims et la fondation du Grand Séminaire, qui complète la formation cléricale du Petit Séminaire. En 1692, il établit les règlements et statuts de l’hôpital des incurables de Saint-Marcoul. Il fait paraître le 10 mars 1701 un « Règlement de la police de la ville et des faubourgs de Reims ». En revanche, appréciant peu le style gothique du palais archiépiscopal (Palais du Tau), il entreprend des travaux de 1686 à 1693, sous la direction des architectes Jules Hardouin-Mansart (1646-1708) et Robert de Cotte (1656-1735).
Un courtisan
Charles-Maurice Le Tellier parvient à concilier ses fonctions civiles et religieuses avec la vie de cour. En tant que maître de la Chapelle royale, il fait en effet partie des privilégiés admis à monter dans le carrosse royal ou à manger avec le roi. Il possède de grandes abbayes et un hôtel situé rue des Franc-Bourgeois à Paris. Il dispose également d’un appartement à Versailles. A la mort de François de Harlay (1625-1695), archevêque de Paris, il est fait proviseur de la Sorbonne. Cette proximité avec le roi a peut-être attisé les jalousies puisque, dans de nombreux témoignages, l’archevêque de Reims est présenté comme rustre, avare, voire vicieux. Même son amie Madame de Sévigné (1626-1696) le surnomme « l’orage ».
Un bibliophile curieux
Charles-Maurice Le Tellier se distingue aussi par sa passion pour les livres et les manuscrits. Sa collection, conservée à la Bibliothèque Sainte-Geneviève à Paris, est constituée de livres acquis lors de ses études en théologie (volumes des Pères de l’Eglise) ou durant ses voyages, notamment en Italie en 1667-1668, ainsi que des acquisitions de bibliothèques préalablement constituées. En 1693, un catalogue de sa bibliothèque est réalisé par Nicolas Clément (commis à la garde de la bibliothèque du roi) et passé sous les Presses de l’Imprimerie royale. On peut noter la richesse et la diversité de ses collections, comprenant des manuscrits hébreux ou encore un manuscrit mexicain, le Codex Telleriano-Remensis.
A sa mort en 1710, il lègue toute sa fortune à sa nièce, la marquise de Créquy, ainsi que des fonds importants aux établissements charitables de son diocèse et à ses serviteurs.
Un portrait de cet archevêque est visible sur le portail numérique des Musées de Reims : https://musees-reims.fr/oeuvre/charles-maurice-le-tellier