Joseph Berthelot de Baye (1853-1931)
Portrait
Biographie
De la campagne champenoise…
Joseph Berthelot, baron de Baye, est né à Paris en 1853 dans une famille aristocratique possédant un château situé dans la commune de Baye, entre Epernay et Sézanne (Marne).
Il s’intéresse très tôt à l'archéologie qu'il découvre lors de parties de chasse en compagnie de son père. Dès 1873, le Ministère de l'Instruction publique le charge de sa première mission de fouilles archéologiques dans les environs de Baye. C'est le début pour lui d'une longue série de campagnes de fouilles en France et en Europe, dont il présente les résultats en 1880 dans la revue L'Archéologie préhistorique. Soucieux de partager ses découvertes avec ses contemporains, il organise des expositions et diffuse ses théories dans des articles de périodiques et des brochures, illustrés de ses propres dessins. Il ouvre également un musée gratuit dans une aile de son château.
… à l’Empire russe
En 1890, Joseph de Baye assiste au congrès archéologique de Moscou. A partir de 1892, pris de passion pour la Russie et pour ses habitants, il part chaque année en mission archéologique, ethnographique et historique dans une région différente de l'Empire russe. Il traverse notamment le Caucase, la région de la Volga, ou encore la Sibérie. Il s’intéresse à l'histoire et au mode de vie des populations autochtones. Il prend des notes, collecte des objets, des documents, et fait des clichés photographiques parmi lesquels figurent de nombreux portraits. Il immortalise ainsi une société condamnée à disparaître face à la colonisation et au développement industriel. Reconnu par la communauté scientifique de Russie, il devient membre du Musée impérial historique de Moscou en 1897. A l'image des recherches effectuées en France, chaque retour de mission est l'occasion pour lui de donner des conférences, d'organiser des expositions et de publier ses recherches, illustrées désormais de ses photographies.
Un témoin des événements internationaux
Un témoin des événements internationaux
En mai 1896, dans un contexte politique de rapprochement entre les états russe et français, le baron de Baye et son ami rémois Hugues Krafft assistent au couronnement du tsar Nicolas II. Le baron en profite pour récolter de nombreux documents et objets réalisés pour l'occasion, et les destine au musée et à la bibliothèque de Reims.
En juillet 1914, il part pour Petrograd (actuelle Saint-Pétersbourg) afin d’assister à une visite du président français Raymond Poincaré. Le déclenchement de la Première Guerre mondiale le contraint à rester en Russie, où il donne des conférences. Il s’y trouve toujours lorsque la Révolution bolchevique éclate en 1917. Conscient d'être le témoin d'événements historiques importants, il récolte des tracts, des ordres militaires et décolle même des affiches sur les murs afin de les envoyer en France. Proche des haut-dignitaires de l’Empire russe, il est incarcéré à deux reprises durant cette période. Il sera libéré en raison de sa santé devenue très fragile. Il n’est autorisé à revenir en France qu’en 1920 où il retrouve son château et son musée pillés par les troupes allemandes.
Un collectionneur pour l’Etat
Un collectionneur pour l’Etat
Heureusement, toujours dans l’idée de partager ses connaissances et ses découvertes avec ses concitoyens, le baron de Baye a commencé à faire don de ses collections à l’État français dès 1905. C'est ainsi que de nombreux musées français ont reçu des objets, aussi divers que des menus, des gobelets, des assiettes, des manuscrits, des affiches, des tracts… Dans le département de la Marne, le baron cède des collections aux musées de Châlons-en-Champagne, de Reims et surtout au musée d'archéologie d'Epernay dont l'abbé Favret, le conservateur, est son ami. Certains documents, notamment ses mille sept-cent clichés photographiques, ont été dispersés entre la France et la Russie dans des bibliothèques, des musées et des collections privées. A Reims, on retrouve ses documents (objets donnés, publications, …) à la bibliothèque Carnegie, au Musée le Vergeur, aux Archives municipales et communautaires de Reims ou encore aux Archives départementales de la Marne.
Joseph Berthelot décède le 30 mai 1931 à Paris, anonyme et ruiné. Bien qu'il soit aujourd'hui très méconnu en France, il était un personnage important de son époque, ayant été élu président de la Société des Antiquaires de France, membre de la Commission nationale des monuments historiques, membre honoraire de l'Académie de Reims et d'une vingtaine de sociétés savantes russes. Il a reçu de très nombreuses distinctions honorifiques internationales, notamment celles de Commandeur de l'Ordre de Sainte-Anne de Russie ou encore de Commandeur de l'Ordre de Charles III d'Espagne. Il a attendu 1921 pour recevoir le titre qu’il désirait le plus, celui de Chevalier de la Légion d’Honneur.