Les nouvelles acquisitions précieuses
Traitement des collections
Acquisitions précieuses
La bibliothèque Carnegie a acquis en fin d’année 2024 un ensemble de documents anciens auprès d’un collectionneur.
Ces documents datent du 16e au 20e siècle et portent sur l'histoire de Reims et de sa région. Quatre n’étaient pas présents dans les collections de la bibliothèque : ils évoquent la vie religieuse, l’échevinage et le collège de l’université de Reims. Leur acquisition a permis de combler des lacunes dans le fonds ancien local. L’intérêt des autres documents provient de particularités d'exemplaires uniques prenant la forme d’ex-libris ou de notes manuscrites. Ainsi, plusieurs de ces livres portent le sceau imprimé de la ville de Reims "Seg. Scabinor. Remen." (Sigillum scabinorum Remensium). Le document intitulé Le Dessein de l'histoire de Reims avec diverses curieuses remarques de Nicolas Bergier (Résreve CHM 169) contient des notes manuscrites apportant des informations sur l’historien rémois Nicolas Bergier (1567-1623). L'ensemble a permis d’enrichir les collections en apportant de précieux témoignages historiques sur la ville.
Vous pouvez découvrir les notices de ces documents dans le catalogue : lien vers les notices
A la fin de l'année 2024, la bibliothèque a acquis un livre d'artiste intitulé Le Temps partagé. Cette édition originale est illustrée par le peintre-graveur Bernard Alligand et contient des poèmes inédits de la poétesse libanaise Nohad Salameh et du poète rémois Marc Alyn. L’ouvrage est composé de deux livres d'artiste, en regard, contrecollés dans une chemise de velours rouge, l’ensemble inséré dans un étui en toile rouge réalisés par l’atelier Reliure du Centre à Limoges.
Fondées en 2008 par Françoise Maréchal-Alligand, les Editions d'art FMA, qui publient ce livre, sont spécialisées dans la bibliophilie contemporaine. Chaque oeuvre est proposée en tirage limité et est le fruit d'un dialogue entre un auteur et un artiste contemporain.
Dans recueil poétique, les deux époux, Nohad Salameh et Marc Alyn, rendent un hommage au temps partagé ensemble et à leur amour commun du langage. Les compositions orginales, avec formes géométriques et jeux de miroirs, de l’artiste Bernard Alligand rendent unique chaque exemplaire. Les techniques utilisées sont innovantes (peinture rouge et noire moirée d'orange, impression numérique des motifs, saupoudrage de poussières d'argent et d'or) et font de chaque page une oeuvre d'art.
Le livre est présenté en vidéo sur le site de l'éditeur (lien vers le site : https://www.editionsdartfma.com/le-temps-partagé) avec des lectures d'extraits par les auteurs eux-mêmes.
En cette fin d'année 2024, un nouveau livre d'artiste a fait son entrée dans les collections patrimoniales de la bibliothèque Carnegie. Il s’agit d’un exemplaire de Le petit cheval blanc. Livre où plus rien, ni derrière, ni devant. à Paul Fort. Cet ouvrage en format à l'italienne (25 x 35 cm) a été conçu en 2018 par les artistes Anne Arc et Giulio Varendi, membres du collectif Sphinx Blanc.
Le poète rémois Paul Fort (1872-1960) a écrit de nombreux poèmes dont l'un s'intitule La complainte du petit cheval. Ce dernier a été mis en chanson en 1952 par Georges Brassens (1921-1981). Les premiers vers sont les suivants "Le petit cheval dans le mauvais temps,/ Qu'il avait donc du courage! / C'était un petit cheval blanc,/Tous derrière et lui devant". Pour rendre hommage au poète et à ses vers, les artistes ont imaginé l'ombre du petit cheval blanc venu à Reims pour passer la rue du Clou-dans-le-Fer où le poète a vécu lors de son enfance.
Voici la démarche artistique expliquée par Anne Arc :
Il s’agit d’un livre unique fait en deux exemplaires différents. Les pages blanches avec les découpages faits à la main en bas et en haut représentent des silhouettes (portes, fenêtres, pavés) de la rue du Clou-dans-le-Fer où le poète Paul Fort a vécu pendant son enfance. Selon l’idée artistique, le fantôme du cheval blanc monte cette rue des ferrons en laissant ses fers marqués dans le livre par les collages du blanc sur blanc. Au milieu du livre se trouve une phrase imprimée : « ni derrière, ni devant » qui est pensée comme un écho chanté sur la mélodie de Georges Brassens. Cette citation a une signification concrète puisque aucune autre parole du poème n’est inscrite sur les pages du livre, ni avant, ni après. La couleur blanche domine. Elle devient symbolique dans le sens mallarméen, c’est l‘attente de la poésie, le lecteur entend ce qui n’est pas inscrit. En même temps, c’est aussi le blanc des souvenirs d’enfance qui s’effacent, des époques qui se succèdent…
Le cheval, après le passage dans la rue – pages du livres –, se matérialise en tant que figure découpée qui dépasse les frontières du livre.
Ce livre comporte un document caché sous le dernier plat de couverture, là est incorporée une feuille avec le texte du poème « Complainte du petit cheval blanc » de Paul Fort et un collage original d’Anne Arc. Selon la conception du « livre enceint » élaborée par les artistes du groupe Sphinx Blanc, ce document est scellé jusqu’à 2031, en hommage à Paul Fort, soixante-dix ans après sa mort.
En décembre 2023, Annick Quéreux, a fait don de la collection de cartes postales constituée avec son époux Jean-Pierre Quéreux (1937-2023), à la bibliothèque Carnegie. Tous deux membres d’Amicarte 51, Association Marnaise de Collectionneurs de Cartes Postales Anciennes et Modernes, Jean-Pierre et Annick Quéreux avaient rassemblé une collection composée de 56 albums et répartie en deux ensembles :
Parmi ce corpus, certaines cartes postales nous renseignent sur la pratique sportive rémoise du début du 20e siècle et présentent d’anciens athlètes ou lieux dédiés au sport. Reims a par exemple accueilli des concours de taureaux dans le vélodrome, des courses de régates sur le port, ou encore des compétitions de gymnastique au parc Pommery. Une partie de ces cartes postales sera présentée au public lors de la prochaine exposition Courir, nager, pédaler, patiner… Le patrimoine sportif rémois depuis le 19e siècle, à la bibliothèque Carnegie du 16 avril au 20 juillet 2024.
En 2022, la bibliothèque Carnegie a fait l’acquisition d’un document unique au sein de ses fonds. Il s’agit d’un exemplaire du roman Drôle de jeu de Roger Vailland (1907-1965), auteur membre du Grand Jeu. Le Grand Jeu, mouvement littéraire d’origine rémoise, s’est fait connaître par la publication des quatre numéros d’une revue de poésie entre 1928 et 1932. Un temps proche du surréalisme, ce mouvement a ensuite cessé ses activités et Roger Vailland a poursuivi une carrière littéraire autonome dans le domaine de la poésie et du roman.
La bibliothèque conservait déjà un exemplaire de Drôle de jeu mais l’exemplaire acquis l’année dernière présente des particularités d’un grand intérêt : tout d’abord, sa reliure réalisée par Georges Leroux en 1966. Cette reliure en box caramel est ornée sur les bandes verticales de box acajou et noir traversées par un filet doré, accompagnées de bandes discontinues de papier de verre fin gris, un matériau insolite pour la protection et l’ornementation de livres. L’ouvrage constitue le 6 e exemplaire imprimé sur vélin d’Arches, un papier de qualité utilisé pour les éditions de luxe.
D’autre part, cet ouvrage porte l’ex-libris de René Rouzaud, accompagné de sa devise « La Goualante ». René Rouzaud (1905-1976) est un parolier et compositeur français des années 1930 à 1960, auteur de nombreuses chansons interprétées par des artistes renommés tels qu’Yves Montand, Line Renaud, Nana Mouskouri, Léo Ferré, Dalida et Henri Salvador. René Rouzaud est également l’auteur de La Goualante du pauvre Jean, interprétée en 1954 par Edith Piaf, décédée il y a près de 60 ans.
En juin 2022, la bibliothèque municipale de Reims a fait l’acquisition d’un livre imprimé ancien lors d’une vente aux enchères. Ce livre contient un texte attribué au philosophe grec antique Aristote (384-322 avant JC), les Problemata ou Problèmes. De format réduit, cet ouvrage a été édité à Paris par Nicolas de la Barre, dont on trouve la marque sur la page de titre. Le livre ne comprend pas de date d’édition : toutefois, la marque d’imprimeur de Nicolas de la Barre permet de supposer qu’il s’agit d’une édition réalisée vers 1515, en comparaison avec d’autres versions de cette marque antérieures ou postérieures.
Ce document présente un grand intérêt pour les fonds patrimoniaux de la bibliothèque Carnegie en raison d’un de ses anciens possesseurs, dont l’ex-libris apparaît sur l’une des pages de garde. Ce personnage est Louis Paris, médiéviste et bibliothécaire rémois (1802-1887). La bibliothèque conserve en effet un riche ensemble d’ouvrages en lien avec l’histoire locale et le patrimoine rémois rédigés par ce personnage. Louis Paris est également l’auteur du catalogue des imprimés de la bibliothèque de Reims en 1843. Ce bibliothécaire a fait don de dix boîtes d’archives à la ville de Reims, qui a également acquis des manuscrits passés dans la bibliothèque de cet historien.
L’ouvrage est orné d’une reliure en peau de truie blanche, dont l’esthétique est inspirée des premières éditions parisiennes du début du XVI e siècle. Elle est l’œuvre du relieur belge Charles Desamblanx (1855-1943). Le titrage en lettrines gothiques dorées indique le nom de l’ouvrage et de l’éditeur sur le plat supérieur ainsi que l’identité du possesseur et du relieur en latin sur le plat inférieur : "Pro Ludovico/ Paris/ Carolus Desamblanx/ Bibliotheca".
Cette acquisition permet donc de reconstituer la collection de Louis Paris, bibliothécaire renommé, qui a beaucoup œuvré pour la connaissance des fonds précieux de la bibliothèque Carnegie.
La Société des amis de la bibliothèque de Reims a fait l’acquisition de l’édition originale du recueil de souvenirs littéraires et artistiques du ‘Pataphysicien le Baron Mollet (1877-1964).
Ce livre contient de nombreuses anecdotes sur les personnalités artistiques de son époque et vient compléter le fonds du Collège de ‘Pataphysique de la bibliothèque de Reims.
Jean Mollet cofonda la revue Le Festin d’Esope en 1903 avec Guillaume Apollinaire (1880-1918) et André Salmon (1881-1969). Après sa rencontre avec Alfred Jarry (1873-1907) et Boris Vian (1920-1959), il devint le deuxième Vice-Curateur du Collège de ‘Pataphysique dès le 10 mai 1959 jusqu’à son décès le 9 janvier 1963. Raymond Queneau (1903-1976), Satrape dudit Collège, le décrit de la manière suivante : « Le baron Jean Mollet, qui fut le secrétaire d’Apollinaire ne fut jamais baron, non plus d’ailleurs que secrétaire », par contre il fut le partenaire du monde intellectuel, culturel de l’époque, l’accompagnant de bars en bars aussi bien sur la rive gauche que sur la rive droite de la Seine.
Cet exemplaire exceptionnel est un envoi autographe signé par Raymond Queneau. Des membres influents de la ‘Pataphysique ont également apposé leurs signatures : Noël Arnaud (1919-2003) et Latis (Emmanuel Peillet (1914-1973)) . Il appartenait au Régent italien du Collège de ‘Pataphysique Enrico Emanuelli (1909-1967) et est accompagné du faire-part de décès du Baron Mollet adressé à Enrico Emanuelli. Cet ouvrage est enrichi du cachet de l’ordre de la Grande Gidouille, de timbres collégiaux collés sur la première garde et la page de titre représentant Jarry et le Baron Mollet. Toutes ces particularités le rendent unique.
Par Christophe Henrion, membre du Corps des Provéditeurs du Collège de ‘Pataphysique.
En août 2022, la bibliothèque municipale de Reims a pu acquérir un document exceptionnel lors d’une vente aux enchères : un volume de dessins et gravures réalisées par Charles Jouas pour l’ouvrage Reims dévastée. Ce texte de l’écrivain Paul Adam (1862-1920) relate les destructions subies par la cité des Sacres lors de la Première Guerre mondiale . La première édition date de 1920. La seconde édition de ce texte, réalisée en 1930 à Paris par les éditions Lapina, comprend de superbes illustrations du peintre et dessinateur Charles Jouas (1866-1942)
La bibliothèque Carnegie conserve un riche ensemble de documents en lien avec le texte de Paul Adam : le manuscrit original de Reims dévastée (ms 2530), les épreuves préparatoires annotées par l’auteur pour l’édition de 1920, divers exemplaires imprimés, ainsi qu’un premier ensemble de gravures de Charles Jouas données à la bibliothèque en 2017. Cette nouvelle acquisition constitue un remarquable enrichissement de l’ensemble présent dans les fonds de la bibliothèque : elle comprend en effet deux suites à l'eau-forte des illustrations conçues par Charles Jouas: 4 épreuves d'essai de titre, portant la signature de l'artiste, ainsi que 70 épreuves d'essai en deux états. Certaines planches comportent une partie du texte de Paul Adam, gravé par l'artiste. Ce volume contient également 14 dessins en couleurs signés par l’artiste, qui représente divers éléments architecturaux de la cathédrale Notre-Dame de Reims. Ces superbes dessins reflètent tout le talent de Charles Jouas.
Cet exemplaire comprend également une lettre de Charles Jouas, adressée au bibliophile Robert Delmas en janvier 1942. Dans cette lettre, l'artiste a cherché à conserver une trace de son travail préparatoire, mis à mal par les choix éditoriaux de Lapina et par la mauvaise qualité des cuivres fournis, qui l'ont parfois contraint à recommencer certaines illustrations endommagées.
Cette acquisition constitue donc un précieux témoignage du processus créatif de Charles Jouas et enrichit le corpus d’images et gravures représentant la cathédrale Notre-Dame de Reims, source d’inspiration inépuisable pour les artistes.
dans Reims dévastée de Paul Adam
BM Reims, RESERVE CHG 118
dans Reims dévastée de Paul Adam
BM Reims, RESERVE CHG 118
La bibliothèque municipale a fait l’acquisition en 2021 d’un recueil regroupant dix-sept numéros de la revue intitulée « La Marne, revue artistique et littéraire ». Le document contient les fascicules du n°1 du 15 septembre 1897 au n°17 d'août-septembre 1898. Ces fascicules sont reliés avec deux planches de signatures des collaborateurs de la revue et un portfolio d'illustrations avant la lettre.
Cette revue bimensuelle était éditée à Châlons-sur-Marne sous la direction de Léon Buirette et la rédaction de Gaston Coutant.
Léon Buirette (1872-1919) était industriel fileur, maire de Suippes (Marne) et sénateur de la Marne.
Le 29 août 1897, les deux hommes font publier une communication dans l'Indépendant Rémois. Ils indiquent que la revue sera illustrée par des peintres régionaux et qu'ils ont « groupé dans une rédaction d'élite nos meilleurs humoristes, nouvellistes, poètes, critiques, romanciers parisiens et champenois ». Dans le premier numéro, ils précisent que la revue « n’a aucune nuance politique. […] Nous faisons appel à toutes les sociétés littéraires, artistiques, musicales, archéologiques… de la Champagne, et individuellement à tous les hommes de bonne volonté capables de nous éclairer de leurs lumières ».
Cette revue, bien qu’éphémère, revêt une grande importance pour son contenu littéraire et pour ses riches illustrations.
BM Reims, RESERVE CHG 112
BM Reims, RESERVE CHG 112
La bibliothèque Carnegie a récemment enrichi ses fonds patrimoniaux en lien avec l’histoire de la caricature par l’acquisition d’un numéro du journal satirique d’extrême-gauche L’Assiette au Beurre. Paru en mai 1909, ce numéro est publié en soutien au dessinateur anarchiste Aristide Delannoy et rassemble des caricatures d’artistes aux profils aussi divers qu’Alfred Willette, Francisque Poulbot ou Louis Morin.
Toutes ces caricatures dénoncent la condamnation d’Aristide Delannoy à un an d’emprisonnement en raison d’un « délit d’opinion ». Ce dernier avait en effet dénoncé la politique colonialiste menée par la France au Maroc en représentant le général d’Amade, chargé de soumettre et pacifier le pays, en boucher sanglant dans les Hommes du jour. Cette condamnation traduit donc une volonté du pouvoir de restreindre les critiques adressées par les caricaturistes envers la politique de leur époque et s’inscrit dans un contexte de censure visant dès décembre 1893 les anarchistes, dont les actions se sont multipliées en France et dont la parole devient étroitement muselée par le pouvoir.
La Une de ce journal orne l’affiche de l’exposition La caricature de 1870 à 1918 : une société sous le feu du crayon, qui ouvre ses portes à la bibliothèque Carnegie du 18 septembre 2021 au 15 janvier 2022.
BM Reims, CLXXXXII 12491 A1
La caricature de 1870 à 1918 :
une société sous le feu du crayon
A la fin de l’année 2020, la bibliothèque Carnegie a réalisé l’acquisition d’un ensemble de vingt-neuf lettres composées par un artiste rémois, le sculpteur René de Saint-Marceaux (1845-1915). Né dans une famille renommée pour sa maison de champagne et son implication dans la vie politique rémoise, il témoigne rapidement d’un intérêt pour la sculpture et se forme à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris dès 1863. Si son œuvre est aujourd’hui éclipsée par la personnalité d’Auguste Rodin, artiste en activité au cours de la même période, Saint-Marceaux a pourtant marqué l’art de la sculpture grâce à des œuvres telles que le Gisant de l’abbé Miroy, monument en bronze dont une copie est aujourd’hui exposée au Cimetière du Nord à Reims, ou La Vigne, qui orne la cour de l’Hôtel de Ville. Son Arlequin a également rencontré un grand succès, et le sculpteur en a réalisé plusieurs versions en bronze, en marbre et en plâtre exposées à Vichy et à Reims.
Cette correspondance est adressée à l’épouse du sculpteur, Marguerite Jourdain dite Meg (1850-1930), que Saint-Marceaux épouse en 1892 et à laquelle il témoigne une affection constante jusqu’à son décès, en 1915. Si ces lettres ne comportent aucune mention de date ou d’année, une comparaison rigoureuse de leur contenu avec le journal tenu par Meg a permis de les dater pour certaines entre 1894 et 1901, et pour d’autres entre 1910 et 1913, lors des dernières années de l’artiste. Le contenu de cette correspondance présente un grand intérêt pour la connaissance de la vie familiale et amicale de Saint-Marceaux : s’y reflète tout l’amour porté à Meg ainsi qu’à ses fils, issus d’un premier mariage, que le sculpteur adoptera officiellement en 1913. Les multiples problèmes de santé dont souffre l’artiste se détachent clairement de ses écrits, marqués par la lassitude et la frustration de ne pouvoir se consacrer pleinement à son œuvre.
BM Reims, Saint-Marceaux CLXXXII 11406
BM Reims, Demaison MC III 51
Ces lettres présentent également un intérêt sur le plan artistique : Saint-Marceaux y évoque ainsi l’avancée de plusieurs statues telles que Le Devoir (1895) et de monuments, dont celui dédié à l’écrivain Emile Pouvillon achevé en 1914. Par l’évocation de ses fréquentations et amitiés, parmi lesquelles figurent François Pompon ou les Rémois Pol Neveux et Jean-Louis Forain, Saint-Marceaux dresse en creux le portrait du milieu artistique parisien dans lequel il évolue. La correspondance acquise par la bibliothèque Carnegie constitue donc une source précieuse d’informations sur ce sculpteur, alors que son œuvre bénéficie d’une redécouverte grâce à l’action de l’Association René de Saint-Marceaux.
BM Reims, MS 2870
BM Reims, MS 2870
Pour en savoir plus :
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Turbet, Lucette, Sculpter l'intime : René de Saint-Marceaux : 1845-1915 / Lucette Turbet ; préface de monsieur Arnaud Robinet ; postface de monsieur Olivier Baugnies de Saint-Marceaux. - Paris : L'Harmattan, 2020
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Journal, 1894-1927 / Marguerite de Saint-Marceaux ; édition Myriam Chimènes ; avec la collaboration de Véronique Alemany, Michel Delahaye, Sandrine Grandgambe... [et al.] ; préface Michelle Perrot. - Paris : Fayard, 2007
Au cours de l’année 2020, la bibliothèque Carnegie a réalisé l’acquisition de neuf ouvrages illustrés par le peintre rémois Jean Berque (1896-1954). Elève de Félix Vallotton et Maurice Denis, cet artiste est principalement connu à Reims pour le Chemin de Croix qu’il réalise de 1924 à 1925 pour la décoration de l’église Saint-Nicaise. Toutefois, il est également l’auteur prolifique d’illustrations pour des ouvrages issus de la littérature classique, tels que les Sonnets de l’Olive de Joachim du Bellay ou les Poèmes de Ronsard, comme de textes de grands auteurs des XIXème et XXème siècles, Verlaine, Colette et Pierre Louÿs en tête.
Ces acquisitions ont permis d’intégrer deux ouvrages absents des collections de la bibliothèque Carnegie : les Fabulettes de l’autrice Denise Boas, illustrées dans un style naïf par l’artiste (Réserve CHG 106), ainsi que le recueil poétique Vers toi de Claude Ramboz (Réserve CHG 110). Dans ce second ouvrage, Jean Berque démontre toute sa virtuosité par la représentation sensuelle et délicate de corps alanguis, esquissés par des traits fins et sinueux
RESERVE CHG 106
RESERVE CHG 110
D’autres ouvrages, déjà présents dans les fonds de la bibliothèque, ont été acquis en raison de leurs particularités d’exemplaire présentant un intérêt exceptionnel. Ainsi, la reliure d’un exemplaire de Tristan d’André Mary (Réserve CHG 109) est-elle ornée de deux gouaches originales de Jean Berque, représentant des paysages d’inspiration méditerranéenne et peuplés de navires. Un exemplaire de Mon amie Nane (Réserve CHM 148) contient quant à lui un envoi autographe de l’artiste accompagné d’un dessin original sur la page de faux-titre. Enfin, les Sonnets de l’Olive (Réserve CHG 107) comprennent un dessin original aquarellé signé de l’artiste ainsi que deux planches portant le monogramme de Jean Berque.
Dédicace de J. Berque
RESERVE CHM 148
Dessin aquarellé de J. Berque
RESERVE CHG 107
Parmi les dernières acquisitions précieuses de la bibliothèque Carnegie, la fin de l’année 2019 a marqué l’arrivée dans nos fonds d’un dessin réalisé par l’un des grands noms de la littérature française, Victor Hugo (1802-1885). Issu de la collection d’Alfred Cortot, pianiste renommé du début du XXe siècle, ce dessin représente l’édifice le plus célèbre de la ville de Reims : la cathédrale Notre-Dame.
Victor Hugo a réalisé cette esquisse à l’encre brune et au lavis, présentant une allure sombre et inquiétante, lors d’une visite à Reims vers août 1838 lors d'un séjour de dix jours en Champagne. Sa première visite de la Cité des Sacres s’était déroulée en 1825 pour assister au sacre de Charles X auquel il avait été convié en tant que jeune poète royaliste. Ce lavis est jumeau d’un autre dessin conservé à la Maison Victor Hugo de Paris et destiné à sa fille Léopoldine, comme l’indique une lettre comportant la mention suivante : « J'ai vu Reims, et au lieu d'une grande description, je t'en envoie un petit portrait. Je pense que tu aimeras autant cela. Dis à mon Charlot à mon Toto et à ma Dédé que je leur ferai à chacun une image à Paris ».
Le dessin acquis par la bibliothèque Carnegie était probablement destiné à l'un des deux fils de l’auteur, en particulier Charles (le « Charlot» évoqué dans la lettre), selon une pratique habituelle chez Victor Hugo.
BM Reims, RESERVE CHP 240
A la fin de l’année 2018, la bibliothèque Carnegie a eu la chance d’acquérir trois ouvrages illustrés par Foujita. Ces titres étaient déjà présents dans nos collections ainsi que dans les vitrines de l’exposition Foujita, artiste du livre. Cependant, des exemplaires pourvus de particularités sont apparus chez des libraires français et suisses et ont permis de compléter notre fonds.
Le premier de ces ouvrages, un exemplaire de C’est arrivé en plein Paris, passionnante aventure d’antiquaire , d’Yvonne de Brémond d’Ars, présente l’intérêt de comporter non seulement une couverture illustrée par Foujita, mais également onze gravures représentant des paysages emblématiques de Paris tels que le Faubourg Saint-Honoré (page 12) ou la tour Eiffel (page 80). Ces gravures dépeignent aussi des scènes plus intimes mettant en scène le chat, animal favori de l’artiste, ou un déjeuner sur un balcon fleuri. Cet ouvrage s’inscrit donc en complément de l’exemplaire déjà présent dans nos collections, issu d’une édition courante et ne comprenant que la couverture de Foujita.
Dessins originaux rehaussés en couleurs de Foujita. BM Reims RESERVE CHP 238
Un exemplaire d’auteur de La troisième jeunesse de Madame Prune, roman de Pierre Loti, constitue la seconde acquisition de cette fin d’année. Le terme « exemplaire d’auteur » signifie que cet ouvrage a été mis de côté par l’éditeur pour Foujita, qui s’est vu réserver plusieurs exemplaires de son travail dès l’impression. L’intérêt de cette acquisition par rapport à l’ouvrage déjà conservé par la bibliothèque Carnegie réside dans la présence de plusieurs états des gravures, réalisées selon la technique de l’aquatinte (technique de gravure à l’eau-forte à l’effet visuel proche du lavis ou de l’aquarelle). Ces états donnent à voir le processus créatif de l’artiste lors de la conception de ses illustrations, depuis les aplats de couleur recouvrant le fond des images jusqu’à l’ajout progressif de détails sur les vêtements ou les visages des personnages. Ces gravures comportent également des petits croquis d’enfants ou de visages représentés par l’artiste autour de la scène principale. L’intérêt de l’acquisition est d’autant plus fort qu’elle contient également deux gravures refusées, qui n’ont pas été inclues dans les exemplaires définitifs du livre et ne sont présentes que dans cet exemplaire d’auteur. Il s’agit donc d’une particularité unique qui enrichit considérablement notre collection d’ouvrages illustrés par Foujita.
Compositions originales gravées en couleurs par Foujita. BM Reims, RESERVE CHMM 48
La dernière acquisition relative à Foujita s’inscrit dans un autre axe de notre politique d’acquisition patrimoniale : les reliures de style Art déco. La bibliothèque a en effet acquis un second exemplaire des Tableaux de Paris, ouvrage collectif paru en 1927. Les Tableaux de Paris réunissent des textes d’auteurs tels que Colette, Jean Cocteau ou Max Jacob. Cet ouvrage possède en particulier une reliure de Jacques-Anthoine Legrain (1907-1970), grand nom de la reliure Art déco ayant exercé son activité entre les années 1930 et 1950. Cette reliure en maroquin bleu nuit présente des incrustations de pièces en maroquin rouge, un décor de filets parallèles et perpendiculaires à froid et dorés, ainsi que des motifs de rayons, de cercles et d’étoiles dorés présents tant sur le plat supérieur que le plat inférieur. Le titre se détache en lettres dorées sur le plat supérieur et sur le dos de cet ouvrage. Le nom de Jacques-Anthoine Legrain apparaît quant à lui en partie inférieure du contreplat supérieur, identifiant visiblement l’auteur de ce superbe exemple de reliure Art déco.
L’acquisition de ces trois ouvrages exceptionnels enrichit donc notre riche collection des ouvrages illustrés par Foujita.
Reliure Art déco de Jacques-Anthoine Legrain. BM Reims, RESERVE CHG 101
La famille Poirier a offert un magnifique cadeau à la Ville de Reims : 236 plaques photographiques de verre (datant de 1907 aux années 1920) accompagnées de 3 exemplaires du journal de guerre de l'abbé Rémi Thinot, organiste de la cathédrale en 1914.
Témoins des dégâts causés par la Grande Guerre sur le patrimoine rémois, Marius Poirier et son ami l'abbé Thinot, en vrais reporters de guerre, ont pris quotidiennement des photographies de la ville sur plaques. L'abbé Thinot mort en 1915, Marius Poirier a poursuivi, seul, cette activité lors de la reconstruction de la cité des sacres.
La famille Poirier souhaite que cette inestimable collection soit conservée dans les meilleures conditions pour la rendre accessible à tous, notamment aux chercheurs. La technique de photographie sur plaque de verre, apparue en 1850, permet d'obtenir des clichés d'une plus grande netteté jusque dans les moindres détails. Ce support est fragile et nécessite un conditionnement spécifique et des conditions de conservation optimales.
La bibliothèque Carnegie est chargée de la conservation et de la valorisation de ce don. Après un constat d'état, l'ensemble des plaques de verre a été numérisé et est accessible sur le catalogue en ligne.
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Il y a quelques mois, un libraire américain Richard Howorth, a donné à la bibliothèque Carnegie un ouvrage trouvé par son grand-père, David Horace Bishop, dans les ruines de Reims, en 1919 (cf. article « Un don émouvant »). Aujourd’hui, en hommage à son grand-père, il complète son don par l’envoi de trois ouvrages en anglais en lien avec la Première Guerre mondiale.
Un manuel de conversation à destination des soldats
Le premier document,The soldiers' French phrase book (BM, Reims, P 23847), est un manuel de conversation en français, avec les transcriptions phonétiques du vocabulaire proposé, à destination des soldats américains, édité en 1918, par Felt et Tarrant. Au-delà du vocabulaire lié à l’armée (« L’équipement », « Quand on est de garde »…), différents aspects de la vie quotidienne sont traités (« A la gare », « Au restaurant », « Pour des renseignements au concierge »...). Cet ouvrage se distingue des autres guides publiés à l’époque par la présence des paroles de deux hymnes américains :The Star Spangled Banner (La bannière étoilée) et The Battle Hymn of the Republic (L'Hymne de Bataille de la République). Une traduction de la Marseillaise est présente : les soldats pouvaient comprendre les paroles et chanter ce texte en français en lisant la transcription phonétique.
Deux recueils de poèmes
Les deux autres ouvrages sont des recueils de poèmes sur la guerre écrits par des soldats. Soldier poets : songs of the fighting men (BM, Reims, P 23706), publié à Londres par Erskine Macdonad, rassemble les textes de vingt-quatre soldats, qui illustrent les aspirations, émotions, impressions et expériences de ces combattants.
ATreasury of War Poetry (BM, Reims, P 25647), publié en 1917, contient notamment un poème sur la cathédrale de Reims (« Rheims Cathedral 1914 ») et un autre sur Jeanne d’Arc (« The Soul of Jeanne d’Arc »). David Horace Bishop, a inséré dans ce livre, après l’avoir lui-même dactylographié, le célèbre poème prémonitoire, « Rendez-vous avec la mort » d’Alan Seeger (ce poète américain est mort au combat lors de la Bataille de la Somme).
Ce don enrichit les collections patrimoniales de trois ouvrages témoins de l’implication des soldats américains dans la Grande guerre et fait perdurer le lien étroit qui unit la bibliothèque Carnegie aux Etats-Unis.
En 2017, période des commémorations de la Première Guerre mondiale, la bibliothèque Carnegie a reçu un don qui fait écho aux collections précieuses
Les donatrices, Laurence et Danièle Marc, ont offert à la bibliothèque un bel ensemble d'épreuves des eaux-fortes qui illustrent l'ouvrage Reims dévastée, de Paul Adam. Paru aux éditions Lapina en 1930, il était illustré de soixante et onze eaux-fortes et de vingt-trois lettrines dessinées et gravées par Charles Jouas. Cette édition bibliophilique a été tirée à cent vingt-quatre exemplaires mis dans le commerce et vingt-deux exemplaires spéciaux hors commerce. La biblitohèque conserve l'exemplaire n°9 (Réserve CH G 25 et Réserve CH G 26), qui fait partie des 10 exemplaires numérotés 2 à 11 sur Japon Impérial, comprenant un original, trois états sur Japon, dont un de l'eau-forte pure, une suite sur parchemin. La bibliothèque conserve également le manuscrit original de Reims dévastée, manuscrit autographe de l'auteur, qui a d'abord été publié dans la collection « la France dévastée », Reims dévastée, Paris, Alcan, 1920. Ce manuscrit fut donné à la bibliothèque par la veuve de l'auteur "En mémoire de Paul Adam, ce manuscrit est pieusement offert à la Ville de Reims par Madame Paul Adam, 1920 ». (Ms 2530)
Les eaux-fortes offertes à la bibliothèque apportent un éclairage sur la genèse de cet ouvrage. Toutes les gravures sont imprimées sur Japon sauf deux qui sont imprimées sur papier, ces deux derniers exemples n'ayant pas d'équivalent dans les collections de la bibliothèque Carnegie (nous avons les gravures tirées sur parchemin et sur Japon). Les gravures sur Japon qui ont fait l'objet du don correspondent à plusieurs des trois états des gravures (http://expositions.bnf.fr/daumier/reperes/gloss.htm). Par exemple, les deux gravures numérotées 20a et 20b,correspondent au premier état et au troisième état de la gravure. En effet, chaque correction, changement apportés, même minimes, modifient l'état de la gravure : on parle ainsi, pour les tirages différents d'une estampe, d'une gravure 1er état, 2e état, etc.
Ces gravures proviennent du grand-oncle de Danièle et Laurence Marc, Nicolas Markovitch. Si ce dernier n'a pas travaillé pour les éditions Lapina, il a beaucoup travaillé pour les éditions Alpina. Il assurait les illustrations des ouvrages de régionalisme de la collection entre 1928/29 et jusqu'à environ 1949. Il gravitait donc dans le monde des artistes et des éditeurs de son époque.
Ces eaux-fortes ne font a priori pas partie d'un exemplaire de l'ouvrage, car la justification de l'ouvrage ne mentionne pas de tirage des gravures sur papier. Il pourrait donc s'agir de feuillets libres, épreuves d'état sur Japon et sur papier, que l'éditeur avait dû lui confier soit à titre amical, soit en échange d'autres épreuves d'états des gravures.
La parole à Danièle et Laurence Marc
Quand notre père Michel MARC est décédé en septembre 2016, nous avons dû avec ma sœur trier les archives et la bibliothèque familiale. Il était autodidacte, passionné de peinture et de littérature classique. Son propre oncle, Nicolas Markovitch, artiste peintre (alias Marc, 1894-1964) sans enfant, lui avait laissé toutes sortes de documents. C’est en faisant ce long tri que nous avons compris que nos propres enfants ne pourraient pas porter le même intérêt pour notre histoire familiale devenue un peu hors du temps. Parmi tous ces trésors, une vieille valise contenant plusieurs livres et dossiers dont une série de 47 documents représentant la cathédrale de Reims détruite. Un ami, Mr Henry, membre de l’association des Amis de la Cathédrale de Reims, a proposé de présenter ces oeuvres à la bibliothèque Carnegie. Ils ont été tout de suite identifiés parSabine Maffre, conservateur responsable de la bibliothèque Carnegie, comme étant des gravures à l’eau- forte de Charles JOUAS. Que d’émotions pour nous, le tout teinté de fierté. Nous nous sommes senties comme des transmetteurs, des passeurs de mémoire. Ces eaux-fortes rangées dans cette valise depuis plus de cinquante ans et puis tout d’un coup la mise en lumière.
Notre grand-oncle, artiste peintre et illustrateur aux éditions Alpina, était dans son époque l’ami de beaucoup d’artistes. Ainsi échangeaient-ils leurs expériences et parfois leurs travaux. Aujourd’hui l’échange se poursuit, nous en sommes un petit chaînon et heureuses d’avoir pu mettre en lumière notre père qui a conservé la valise et notre grand-oncle qui avait échangé ses œuvres. Nous faisons, avec ce don à la bibliothèque Carnegie, vivre leur mémoire pour longtemps. Ils seraient heureux aujourd’hui de savoir que ce qui a eu de l’importance pour eux a été transmis. Nos enfants eux sont contents d’être déchargés de la responsabilité de leurs conservation. Ainsi le don est-il un acte positif pour toute notre famille."
La mise en valeur de ce don dans l'exposition De Genève à Reims, La collection Louis Dumur (1863-1933)
Trois eaux-fortes sont présentées dans l'exposition, dans la partie consacrée à Reims, symbole de la Grande Guerre, écrin de la collection Louis Dumur. Les représentations de la cathédrale incendiée et de la façade de l'hôtel de Ville en ruines rappellent l'importance de Reims, ville détruite à 60%. Ce sont les destructions de la Première Guerre mondiale, avec la perte d'un tiers des collections de la bibliothèque municipale, qui sont à l'origine du choix des frères de Louis Dumur de donner a collection à la Ville de Reims, ville martyre, participant en cela au formidable élan de solidarité international, qui a vu des particuliers et des institutions envoyer des ouvrages en don, pour aider Reims à reconstituer sa bibliothèque.
En 2017, au cœur des commémorations de la Première Guerre mondiale, avec l’entrée en guerre des Etats-Unis en avril 1917, la bibliothèque Carnegie a reçu un don très émouvant.
Le donateur, Richard Howorth, tient « l’une des librairies indépendantes les plus influentes des Etats-Unis» selon le New York Times, à Oxford, Mississipi. Ce dernier nous a fait parvenir un exemplaire du l’ouvrage Causeries par Albert Levy (publié chez Hachette en 1887).
Son grand-père, Davide Horace Bishop, l’avait récupéré en avril 1919, dans les décombres de Reims en ruines au sortir de la Grande Guerre. Il a choisi de nous envoyer l’ouvrage, presque cent ans après les faits, car le livre comporte l’estampille « Ville de Reims bibliothèque municipale populaire ».
Reims, BM, Réserve CHM 135
L'appartenance présumée
S’il ne s’agit pas de l’estampille de la bibliothèque municipale, qui était installée dans l’Hôtel de Ville, cela renvoie néanmoins à une bibliothèque de quartier rémoise, qui à l’époque n’était pas rattachée à la bibliothèque municipale.
Les bibliothèques de quartier étaient sous supervision directe de la mairie (un élu par bibliothèque de quartier). C’est après la Seconde Guerre mondiale que les bibliothèques de quartier ont été rattachées à la bibliothèque municipale.
La valeur symbolique
Ce don, outre son caractère atypique, revêt une forte valeur symbolique et apporte une pierre à l’histoire des bibliothèques rémoises pendant la Grande Guerre, qui ont souffert des destructions, avec notamment l’incendie de l’hôtel de Ville en 1917 et la perte d’environ un tiers des collections de la bibliothèque municipale. La démarche du donateur évoque l’élan de solidarité international après la Grande Guerre, qui a vu affluer les dons de particuliers et d’institutions pour aider Reims à reconstituer ses collections mutilées.