Ursula Vian-Kübler (1928-2010)
Portraits
Boris Vian
Biographie
Peu de femmes font partie du Collège de 'Pataphysique dans les années 1950. Ursula Vian, seconde épouse de Boris Vian, apparaît comme la figure féminine du Collège de 'Pataphysique de cette époque . En effet, son visage revient régulièrement sur les prises de vue des banquets, fêtes du Haha et autres Acclamations. L'histoire d'Ursula Vian et celle du Collège de 'Pataphysique sont liées durant plus d'un demi-siècle, des années 1950 aux années 2000.
Un couple emblématique
En 1953, Ursula et Boris Vian emménagent au n°6 bis de la cité Véron, au-dessus du Moulin-Rouge. Boris Vian vient d'être nommé Satrape et prend son nouveau rôle très à cœur. Le couple organise de nombreuses fêtes sur la terrasse qu'il partage, l'année suivante, avec Jacques Prévert et son épouse.
Née en Suisse en 1928, Ursula débute comme danseuse à l'Opéra de Zurich et travaille à Paris avec Maurice Béjart, puis Roland Petit. Elle est également comédienne et fait ses débuts au cinéma, en 1952, dans un film co-scénarisé par Boris Vian, « Saint-Tropez, devoirs de vacances » de Paul Paviot.
Sur leur terrasse, les mondes de la littérature, de la musique, de la danse, du spectacle et de la 'Pataphysique s'entre-croisent. C'est aussi le lieu choisi pour l'Acclamation du nouveau Vice-Curateur, le Baron Mollet, le 11 juin 1959, en présence d'autres illustres représentants du Collège tels que Raymond Queneau, René Clair, Jean Ferry ou encore Eugène Ionesco... La terrasse devient emblématique du Collège de 'Pataphysique. Elle est rebaptisée « Terrasse des 3 Satrapes » en hommage à Boris Vian, Jacques Prévert... et son chien Ergé !
Des liens étroits avec le Collège
Après le décès de Boris Vian, le 23 juin 1959, Ursula devient mandataire de l’œuvre de son époux qu'elle n'a alors de cesse de défendre et de diffuser. Le Collège de 'Pataphysique lui est d'un grand appui dans cette mission. Comme elle, les membres veulent faire connaître l’œuvre de l'auteur pour lequel ils ont eu une « profonde saturation » dès la représentation de L'équarissage pour tous (1950). Après avoir participé à ses obsèques, ils consacrent un numéro hommage des « Cahiers du Collège de 'Pataphysique » à Boris Vian (le Dossier n°12) soumis à l'approbation d'Ursula.
La collaboration entre Ursula Vian et le Collège se poursuit au-delà de ce numéro. Elle soutient leurs travaux et leur communique ses découvertes dans les papiers de Boris Vian. Emmanuel Peillet poursuit avec elle une correspondance qu'il avait initiée avec son époux. Ursula est nommée Régente d'Orchestique le 23 mars 1961. Sa nomination est célébrée sur la « Terrasse des 3 Satrapes », lors de la fête du Haha, le 13 octobre 1961.
En 1962, Urusla Vian honore l'intention de son mari de faire éditer Le Goûter des généraux par le Collège de 'Pataphysique. Lors de l'Occultation, elle retrouve un projet plus développé de Calcul numérique de Dieu de Boris Vian qu'elle confie au Cymballum Pataphysicum. Il sera publié dans un « Mémoire » en 1977, puis en plusieurs temps dans les « Organographes du Cymballum Pataphysicum ». En parallèle, Ursula Vian-Kübler poursuit sa carrière au théâtre et au cinéma auprès de grands noms tels que Roger Vadim, Agnès Varda et Louis Malle, avec lequel elle tourne le film « Vie privée » en 1962.
La promotion de l'oeuvre de Boris Vian
Le 21 août 1963, Ursula Vian fonde la « Société des amis de Boris Vian » dont E. Peillet fait partie. Elle est également à l'origine de rééditions d'œuvres de Boris Vian qui finissent, progressivement, par rencontrer le succès escompté. Elle reste l'hôte du Collège de 'Pataphysique, en laissant à sa disposition la « Terrasse des 3 satrapes ».
En 1976, elle fonde, au pied de la fameuse terrasse, avec son nouveau compagnon, le Commandant D'Dée, une galerie-salle de spectacle sous le nom de l'« Art-K-dDée-Mi ». Elle y reçoit des 'Pataphysiciens de toutes nationalités. La galerie, qui reste connue sous le nom de « galerie Boris Vian », accueille notamment les débuts de l'exposition italienne « Jarry e la pataphysica ». La « Société des amis de Boris Vian » devient ensuite l' « Association Boris Vian » en 1981, puis la « Fond'action » en 1992. Le but reste le même : honorer l’œuvre de Boris Vian et promouvoir la création artistique. Parmi les archives conservées à la bibliothèque, se trouve une photographie d'une remise de prix où Ursula apparaît entourée d'un collectif de jeunes artistes dont Francis Lalanne et Alain Bachung.
A la Désoccultation du Collège, entre le 19 et le 20 avril 2000, le visage d'Ursula Vian-Kübler est une nouvelle fois mis en avant, sur la « Terrasse des 3 satrapes », aux côtés de l'italien Enrico Baj. Ces images renvoient à celles prises près d'un demi-siècle plus tôt par le photodataire Jean Weber et résonnent comme l'espoir de retrouver le faste et la fantaisie d'alors.