Paul Fort (1872-1960)
Portraits
Paul fort à la bibliothèque Carnegie
Paul Fort à la bibliothèque Carnegie
Aujourd’hui, la bibliothèque municipale de Reims rassemble les éditions originales et les livres de bibliophilie édités de son vivant, des manuscrits, des documents iconographiques et des fragments de sa correspondance littéraire. Elle conserve dans ses collections précieuses de nombreux ouvrages autographes de l’auteur dont le premier, dédicacé en 1930, L’Amour : enfant de bohème dans lequel il écrit « pour la bibliothèque de la ville de Reims, hommage d’un poète né rémois ».
Biographie
Fier d’être Rémois
Jules Jean Paul Fort est né le 1er février 1872 dans la maison familiale située 4 rue Caqué à Reims. Sa famille s’installe ensuite au premier numéro de la rue du Clou de fer, dans un immeuble donnant sur la place Myron Herrick. Cette adresse marque son esprit, puisqu’il la mentionne dans Mes Mémoires. Toute la vie d’un poète :
« ...une maison de bois noir, guillochée de filets d’or, au coin de la rue de Vesle, le n°1 de la rue du Clou-dans-le-Fer. Retenez bien cela. Ce 1 de la rue du Clou-dans-le Fer, ce 1 comme un clou enfoncé dans ce fer, fit beaucoup pour me rendre le têtu que je suis encore, l’entêté chercheur de noises à qui n’a pas ce clou – ce clou d’or – enfoncé dans la caboche : la poésie. ».
Paul Fort passe ses vacances chez ses grands-parents, place des Ursulines à Châlons (Marne). Il déménage à Paris à l’âge de 6 ans, suite au changement de profession de son père qui devient inspecteur général d’une compagnie d’assurances. Le jeune garçon fréquente le lycée Louis-le-Grand et rencontre au jardin du Luxembourg, en 1888, André Gide (1869-1951) et le champenois Pierre Louÿs (1870-1925). Il poursuit ses études en s’engageant sur la voie du théâtre et de la littérature.
Homme de lettres
Très jeune, Paul Fort se lie avec de grands artistes de son temps, comme l’écrivain Maeterlinck (1862-1949) ou les poètes Verlaine (1844-1896) et Mallarmé (1842-1898). Fervent admirateur du mouvement symboliste, il crée à 18 ans la salle de spectacle « Théâtre d’art » et s’entoure de peintres tels que Gauguin (1848-1903), Vuillard (1868-1940), Bonnard (1867-1947) ou Bernard (1868-1941) pour illustrer ses programmes. Le 5 octobre 1890, le théâtre joue sa première pièce : La petite bête.
Paul Fort consacre sa vie à la poésie et a un talent particulier pour écrire des poèmes dans le style des chansons populaires. En 1891, il publie son premier recueil intitulé Plusieurs choses, entame un projet monumental avec Ballades françaises puis fonde la revue Vers et prose en 1905. 1912 est l’année de la consécration : Paul Fort est élu « prince des poètes » par ses pairs à la Closerie des Lilas, et succède ainsi à Leconte de Lisle (1818-1894), Verlaine ou Mallarmé. En 1914, le poète est affecté au service militaire en infirmerie. Touché par les ravages de la guerre sur sa ville natale, il fait paraître la revue bi-mensuelle, Poèmes de France, sous-titrée Bulletin lyrique de la Guerre, dont il est l’unique rédacteur. Le premier numéro rend hommage à la cathédrale de Reims.
Après la guerre, Paul Fort s’engage dans l’écriture de pièces de théâtre dramatiques fondées pour la plupart sur des épisodes de l’histoire de France, telles que Louis XI, curieux homme en 1921, Ysabeau en 1923 et Les compères du roi Louis en 1926.
Reims et Paul Fort, un attachement mutuel
Paul Fort reste toute sa vie attaché à la ville de Reims et à la Champagne. Il évoque souvent son pays natal dans ses écrits comme en témoignent L'Arlequin de plomb, Nouvelles ballades françaises, Poèmes de France. Bulletin lyrique de la guerre (1914-1915), Jeanne d’Arc : la Lorraine et la Champenoise ou encore Reims, bouclier de la France.
En 1954, lors d’une cérémonie à la bibliothèque Carnegie de Reims, Paul Fort reçoit du maire René Bride (1906-1998) la médaille Vermeil de la Ville. Un repas de gala est organisé en son honneur dans le salon de Mars de l’Hôtel de Ville.
Paul Fort décède à Monthléry le 20 avril 1960. Les obsèques sont célébrées par le prêtre Jean Perrin en présence du chanteur Georges Brassens (1921-1981) qui compose à cette occasion la chanson L’enterrement de Paul Fort.