Jonathan Holden (1828-1906)
Jonathan Holden
Jonathan Holden
Biographie
Jonathan Holden (1828-1906) est un industriel du textile.
Une famille d’industriels
Jonathan Holden est né à Bradford (Yorkshire, Angleterre) en 1828 dans une famille protestante.
Son oncle, Isaac Holden (7 mai 1807 – 13 août 1897), est un inventeur et fabricant, connu pour ses travaux sur le peignage de la laine.
Isaac Holden s’associe avec Samuel Lister (industriel à Bradford en Angleterre) pour inventer un nouveau modèle de peigneuse de laine qui remplace le travail manuel.
Holden et Lister veulent tester leur machine en France. Ils ouvrent une première usine de peignage à Saint-Denis en 1848.
Une usine est également construite à Croix (près de Roubaix) en 1852 puis une troisième à Reims en 1853. Ces villes sont les deux principaux centres lainiers de France 19e siècle.
Isaac Holden gouverne son empire industriel depuis Bradford et délègue ses pouvoirs à ses neveux : Isaac Crothers pour l’usine de Croix et Jonathan Holden pour celle de Reims.
En 1858, il se sépare de Lister et fonde sa propre société Isaac Holden et fils. L’usine de Saint-Denis ferme en 1860 car elle est trop éloignée des autres métiers liés au peignage.
Les Anglais à Reims
Au 19e siècle, Reims est une ville dans laquelle le textile est l’industrie principale. La mécanisation du peignage de la laine remplace le travail manuel et favorise le développement de l’industrie textile.
L’usine Holden de Reims dite l’usine des Anglais s’agrandit et double de superficie en vingt ans. Elle est située entre le boulevard Saint-Marceaux, la rue Houzeau-Muiron et le boulevard de la Paix.
Le site est composé des ateliers de peignage mais aussi d’un atelier de construction de machines, d’un gazomètre, d’une installation électrique et de bassins-réservoirs d’eau de condensation.
Jonathan Holden est le premier employeur de la ville avec plus de 1 000 ouvriers.
Les contremaîtres et chefs d’ateliers britanniques ainsi que leur famille habitent à côté de l’usine.
Jonathan leur assure un confort avec des espaces réservés, du personnel tel qu’une institutrice anglaise pour faire l’école à leurs enfants ou la mise à disposition d’un pasteur méthodiste pour officier les mariages à la chapelle.
Après la guerre de 1870, il ouvre deux entreprises sans l’accord de son oncle. Suite à ce non-respect des clauses de son contrat, Jonathan rompt avec l’entreprise familiale.
En 1880, il fonde une nouvelle usine de peignage à Reims dite l’usine des nouveaux Anglais située boulevard Dauphinot.
Après la Première Guerre mondiale l’usine survit grâce à des repreneurs sous le nom Société de peignage de Reims. Elle cesse ses activités en 1959.
Jonathan Holden, son engagement dans la vie de rémoise
Jonathan Holden est très attaché à sa ville d’adoption. Il contribue à l’amélioration des conditions de vie des Rémois en investissant dans la construction de logements populaires, dans l’épuration des déchets et dans l’amélioration des transports en commun et il favorise l’accès à la culture.
Il est membre depuis 1857 de la Société industrielle de Reims qui est chargée, entre autres, de la formation professionnelle. Jonathan crée une section industrielle dans l’école professionnelle municipale de Reims pour former des jeunes gens aux métiers de contremaîtres et de chefs d’atelier.
Lors de la guerre de 1870, les Prussiens occupent Reims durant 2 ans. Son oncle lui demande de faire tout son possible pour aider son personnel à survivre. Jonathan Holden a reçu la légion d’honneur pour son investissement humain, notamment auprès des orphelins, et financier pour avoir avancé une somme conséquente afin de libérer la cité de ses occupants.
De 1872 à 1882, il est également l’un des membres fondateurs de la Société des omnibus et petites voitures de la ville de Reims. En 1872, il propose la création de deux lignes d’omnibus.
Lors du jubilé d’or (50ème anniversaire de règne) de la reine Victoria en 1887, il fait construire une bibliothèque populaire municipale, l’actuelle bibliothèque Holden située place Brouette.
Grand collectionneur, il donne deux tableaux et une statue au musée de Reims.
L’indépendance de son entreprise
N’étant pas héritier, Jonathan Holden cherche des partenariats et diversifie son entreprise. Il finance la construction du chemin de fer de la vallée de la Suippe. Il fonde des fermes-modèles dans la région (Hermonville). Il se lance dans la viticulture à Boufarik en Algérie en confiant la gestion du domaine à son neveu Albert Cox. Ils y produisent du vin, des agrumes, de l’huile d’olive et du blé afin de fournir la cantine rémoise.
En 1878, il s’associe avec M. de Lossy, fondateur en 1862 d’une Maison de Champagne à Rilly-la-Montagne, pour former la société De Lossy - Holden. Ce champagne est destiné aux marchés anglais et américains.
Jonathan Holden décède à Reims le 4 février 1906. Il est inhumé au cimetière du Nord qui était à l’époque réservé aux protestants. Son corps, ainsi que ceux de sa famille, sont peu de temps après exhumés et transportés à Bradford en Angleterre.
Le buste en bronze de son fils, Isaac Holden (1861-1889) est visible au cimetière du Nord, une rue de Reims porte le nom de Jonathan Holden et l’une des bibliothèques municipales porte son nom : la bibliothèque Holden.