Honoré Bataille (1845 - 1920)
Portraits d'Honoré Bataille
HONORE BATAILLE (1845-1920)
Une jeunesse laborieuse
Honoré Bataille naît le 18 mars 1845 à Villampuy (Eure et Loir). Il part très jeune pour Paris où il suit des études de commerce, avant d'être embauché à l'âge de 15 ans au sein du grand magasin Au Bon Marché. A 23 ans, il y devient chef de service grâce à ses compétences commerciales.
Pendant la guerre de 1870, le jeune homme s'engage dans l'armée de la Loire commandée par le général Alfred Chanzy (1823-1883). Il obtient successivement les grades de sergent, d'adjudant et de sous-lieutenant, jusqu'à devenir lieutenant d'une compagnie et il est cité à l'ordre du jour à Connerré dans la Sarthe. Une fois la guerre terminée, Honoré Bataille retourne travailler Au Bon Marché. En 1872, Auguste-Charles Bureau (1821-1904), fondateur des Galeries Rémoises, lui propose de le rejoindre à Reims.
Une carrière pleinement engagée au service des Galeries Rémoises...
Honoré Bataille fait alors son entrée dans la cité des sacres en tant qu'associé d'Auguste-Charles Bureau et de son fils, Jean-Charles (1845-1878). Fondées en 1847, les Galeries Rémoises sont déjà très prospères et Honoré Bataille contribue largement à leur réorganisation. Lorsque Auguste-Charles Bureau part en retraite en 1887, il s'associe à Albert Lorin (1855-....) et à Henri Cuquigny (....-1889), employé modèle du grand magasin. Au décès de ce dernier en 1889, Honoré Bataille et Albert Lorin s'associent à Armand Tricot (1857-1942).
Situées rue de l'Arbalète, les Galeries Rémoises s'agrandissent considérablement en 1891 grâce à l'achat de locaux voisins puis s'enrichissent d'une succursale d'ameublement dans la même rue en 1894. L'établissement rivalise alors avec les célèbres grands magasins parisiens.
Le 23 février 1902, Honoré Bataille, âgé de 57 ans, fête son départ en retraite après 30 ans de direction. Il cède l'entreprise à son fils Marcel Bataille (1877-....) et à ses deux collaborateurs, Lorin et Tricot. Il offre à cette occasion un banquet fastueux à ses associés, à ses employés ainsi qu'à leurs conjoints. Près de 150 personnes assistent à ces réjouissances qui se déroulent aux Salons Degermann, en centre-ville de Reims. Très estimé et admiré, le directeur paternaliste reçoit de ses employés reconnaissants un bronze s'intitulant Le Génie du Travail, exécuté par Edouard Drouot (1859-1945). Ses associés Lorin et Tricot lui offrent quant à eux une réplique de la statue équestre de Jeanne d'Arc installée devant la cathédrale, réalisée par Paul Dubois (1829-1905).
...mais aussi dans les affaires de la cité
Loin de se satisfaire de ses seules activités aux Galeries Rémoises, Honoré Bataille s'investit pleinement dans les affaires de la cité des sacres.
Il intègre le Conseil des Prud'hommes en 1884 puis en devient le président. En 1892, il entre au Tribunal de Commerce en tant que juge suppléant, et devient successivement juge et premier juge avant d'en assurer la présidence jusqu'en 1911.
Malgré sa réticence à mener une carrière politique, il est élu au conseil municipal en 1914 et au conseil d'arrondissement du 1er canton où il suit avec assiduité les commissions et les séances.
Il remplit également les fonctions de président du conseil d'administration de la Compagnie des Assurances rémoises, de président d'honneur de la Corporation des employés, d'administrateur de la Banque de France, ou encore d'administrateur du Comptoir d'escompte de Reims.
Un homme au chevet de sa ville meurtrie
En septembre 1914, en tant que conseiller municipal, Honoré Bataille est inscrit d'office sur la liste des otages des Allemands durant l'occupation de Reims.
Pendant que ses successeurs des Galeries Rémoises transfèrent une partie de la marchandise et de l'activité à Meaux sous l'enseigne du Bon Marché, il reste aussi longtemps qu'il le peut à Reims afin de faire fonctionner courageusement la Caisse d'Epargne de Reims dont il est également directeur.
Une fois la guerre terminée, Honoré Bataille s'empresse de retourner vivre à Reims. Il s'investit dans de nombreux projets de reconstruction de la ville et devient même président de l'une des douze commissions de dommages de guerre. Malheureusement, il décède le 23 février 1920 à l'âge de 75 ans, sans avoir eu le temps d'assister à la renaissance de sa ville d'adoption. Ses obsèques ont lieu en la cathédrale de Reims le 8 février en présence de nombreuses personnalités rémoises. Honoré Bataille est enterré au cimetière du Nord.
Sources dans la presse
Pour aller plus loin :
- "Une visite aux Galeries Rémoises", Le Panthéon de l'Industrie, 30 novembre 1884.
- "Les Etrennes utiles et agréables", Le Spectateur (Reims), 28 décembre 1884.
- Portrait d'Honoré Bataille, La Vie Champenoise Illustrée, 20 octobre 1894.
- Banquet organisé pour fêter la retraite d'Honoré Bataille, Le Courrier de la Champagne du 26 février 1902.
- Annonce du décès d'Honoré Bataille, Le Courrier de la Champagne du 5 février 1920. L'Eclaireur de l'Est du 5 février 1920.
- Avis de décès d'Honoré Bataille, LeCourrier de la Champagne du 6 février 1920.
- Obsèques d'Honoré Bataille, Le Courrier de la Champagne du 8 février 1920. L'Eclaireur de l'Est du 8 février 1920.
Bibliographie
Bibliographie sur Honoré Bataille et les Galeries Rémoises