La caricature de 1870 à 1918
Une société sous le feu du crayon
Le vent d’ouest
Il aime le lapin et Hommes du jour : Mr Wallon, Achille LEMOT
Illustrations reproduites dans le journal Le Pèlerin
Oeuvres d'artistes, Lemot CLXXIV 10794 et 10802
La IIIe République est loin de faire le consensus au sein de la population française : le régime est vu comme trop conservateur ou liberticide pour certains, trop républicain pour d’autres. Certains courants politiques font l’objet de vives dénonciations par les caricaturistes : le Rémois Achille Lemot (1846-1909), glissant vers l’extrême-droite antirépublicaine dès les années 1870, s’attaque ainsi dans plusieurs caricatures du journal catholique Le Pèlerin au socialisme, qu’il considère comme une illusion trompant et manipulant le peuple. La caricature intitulée Il aime le lapin représente ainsi le peuple, incarné par Populo, que fascine l’ombre d’un lapin créée sur un mur par un archétype du socialisme, et qui se détourne de la République et de ses valeurs que symbolise Marianne devant le puits de la vérité. Il est intéressant de souligner l’emploi de Marianne comme incarnation de la IIIe République, symbole fréquemment utilisé par le régime dans son imagerie officielle afin de légitimer son pouvoir, puis réemployé par ses détracteurs dans des caricatures et images satiriques pour le décrier. Le portrait par Lemot d’Henri Wallon (1812-1904), député auquel sont attribuées les lois constitutionnelles de 1875, reflète également une vive critique de la IIIe République semée « à contrevent de l’opinion publique », et marque son opposition croissante au régime.