À la fois fascinante et inquiétante, elle soulève des questions majeures sur notre avenir. Va-t-elle remplacer nos emplois ? Manipuler nos esprits à travers des algorithmes sophistiqués ? Déclencher des conflits entre puissances mondiales ou bouleverser notre humanité en nous confrontant à des androïdes conscients ?
Cette année, le festival de science-fiction Les Mycéliades explore ces interrogations à travers films, conférences, ateliers et jeux. Une plongée au cœur de cette entité virtuelle encore en pleine évolution, mais dont l’impact sur notre monde est déjà tangible. Entre utopie et dystopie, bienvenue dans une société en mutation, plus proche que jamais de la fiction.
Le programme dans les médiathèques
Les invités des Mycéliades
Audrey Pleynet – Autrice de livres de science-fiction
Audrey Pleynet est une romancière et novelliste. Ses thématiques de prédilection sont la question de l'identité, de la transmission et du rapport à l'autre, et aux technologies dans une société en mutation.
Son roman Rossignol, paru en mai 2023 aux éditions du Belial, remporte le Prix Utopiales 2023 et est finaliste du Grand Prix de l'Imaginaire 2024. Elle remporte deux fois le prix Rosny Ainé catégorie Nouvelles en 2020 et 2023.
Elle anime un atelier d’écriture à la médiathèque Jean Falala le samedi 15 février de 14h à 17h.
À lire : Rossignol (Le Bélial, 2023)
La Station est une expérience politique, sociale, économique et philosophique. Cet assemblage minier est peuplé de nombreuses races extraterrestres et d'êtres humains de divers horizons. Elle est un refuge de tolérance au sein de la galaxie. Mais des désaccords surgissent entre les Spéciens, faction favorable à la séparation des races, et les Fusionnistes, qui souhaitent plus de mélanges.
A voir à l'Opéraims
Terminator 2 est un chef-d’œuvre du film de science-fiction, car il mélange parfaitemement film d’action et réflexion sur la fin de l’humanité provoquée par l’intelligence artificielle. James Cameron transcende le genre blockbuster avec une profondeur émotionnelle inattendue. Retrouvez avec plaisir Arnold Schwazenegger dans son rôle iconique du T-800. Sophie L., bibliothécaire
Un film de James Cameron avec Edward Furlong, Linda Hamilton et Arnold Schwarzenegger. Etats-Unis, 1991, 2h17.
Séance à l’Opéraims le lundi 3 février à 20h en version originale sous-titrée en français. Après la projection, testez vos connaissances sur la saga Terminator avec l'association le 7ème oeil.
Porté par la musique envoûtante de Vangelis et une direction artistique visionnaire, "Blade Runner" de Ridley Scott est une œuvre magistrale qui redéfinit la science-fiction en un poème visuel mélancolique sur l’identité humaine. Le répliquant serait-il plus humain que l’humain lui-même ? Sophie L., bibliothécaire
Un film de Ridley Scott avec Harrison Ford, Rutger Hauer et Sean Young. Etats-Unis, 1982 - 2017, 1h57 min.
Séance à l’Opéraims, le jeudi 6 février à 20h en version originale sous-titrée en français, animée par l’association le 7ème œil.
À une époque où l’informatique domestique commençait à peine à se démocratiser (le film date de 1983), WarGames est une œuvre visionnaire, car il nous parle de la fascination et de la crainte éprouvées devant l’émergence de technologies intelligentes. En mêlant un suspense haletant à une réflexion sur les dangers de l’autonomie des IA dans des systèmes critiques comme l’armement nucléaire, le film anticipe des problématiques actuelles. Sophie L. bibliothécaire
Un film de John Badham avec Matthew Broderick, Dabney Coleman et John Wood . Etats-Unis, 1983, 1h54 min.
Séance à l’Opéraims le lundi 10 février à 20h30 en version française.
Les invités des Mycéliades
Frédéric Landragin – Chercheur au CNRS sur le langage artificiel
Frédéric Landragin est directeur de recherche au CNRS, spécialisé en linguistique et en traitement automatique des langues. Ses recherches portent sur la compréhension automatique du langage et sur le dialogue entre humain et machine. Il travaille dans le laboratoire Lattice (Langues, Textes, Traitements Informatiques, Cognition) affilié à l’ENS Paris et l’Université Sorbonne Nouvelle. Passionné de science-fiction, il entretient une activité de vulgarisation scientifique sur la linguistique et l’intelligence artificielle, en s’appuyant sur des exemples marquants tirés d’œuvres de science-fiction.Frédéric Landragin sera présent le samedi 8 février à 16h à la médiathèque Jean Falala pour aborder la question de l’empathie dans l’intelligence artificielle, suite à la projection du film « Ex-machina ».
À lire : Aimer un robot avec Blade runner (Dunod, mai 2024).
De la fiction à la réalité, cet ouvrage fait le point sur l'"affective computing", une branche de la recherche en intelligence artificielle qui développe des systèmes ayant la capacité de reconnaître, d'exprimer, de synthétiser et de modéliser des émotions humaines.
l'IA à travers les romans de SF
Résolution de Li-Cam
Dans le monde de Wen : l'Adelphie, Sun, une intelligence artificielle, accompagne la vie. Elle interagit socialement avec les habitants, ce que Wen, conceptrice, un peu malgré elle, n'arrive à faire qu'avec difficultés. Ce monde fuit la réalité des démocraties décaties, du populisme et des guerres, pour expérimenter un avenir basé sur la vie en communauté, l'auto-suffisance et les règles de Wen, écrites sur un blog, comme un exutoire, au temps de l'effondrement. Mais quand, suite à une panne, l'électricité vient à manquer, Sun est mise à l'arrêt. Le manque de cette figure se fait ressentir parmi les adelphes. Dans le creux de cette absence se glisse les souvenirs, les craintes et l'espoir en l'avenir des adelphes.
Avec un style précis et fourni, Li-cam, autrice française, livre une utopie où l'intelligence artificielle comble les manques affectifs et relationnels des humains. Le monde d'avant se vit parmi les souvenirs de Wen, scientifique en neuroscience et chasseuse de troll sur internet, avant d'être mise à la tête de l'Adelphie. Sun brille par son humanité tournée vers les autres, créant un vif contraste avec Wen, renfermée sur elle-même et mal à l'aise avec les contacts sociaux. Cette réflexion sur les rapports humains, leurs besoins d'interactions et leurs failles, comblés par l'écoute bienveillante d'une intelligence artificielle, livre une lecture unique d'un futur qui se dessine.
Clara V., bibliothécaire
Le Monde de Julia de Jean Baret et Ugo Bellagamba
Le monde de Julia est un monde postapocalyptique où l’humanité est réduite à une poignée de survivants, regroupée en micro-sociétés dystopiques et régie par des lois inspirées de la pop culture. On s’amusera à reconnaitre les règles tirées de romans, de séries ou de films tels que Fight Club, La servante écarlate, ou Brazil… Tandis que les clans s’affrontent violemment pour asseoir leur vision du monde, des scientifiques tentent, de leur côté, de reconstruire une société idéale. Pendant ce temps, Julia vit isolée dans la montagne avec son tuteur, Roland 17, un robot dévoué et fidèle mais à cours de réserve énergique. Lorsqu’il qu’il s’éteint, Julia se lance alors à la recherche de ses parents, rejointe par un mystérieux faucon. Sa quête l’entraîne dans un voyage initiatique et philosophique.
La collaboration des deux auteurs de Science-Fiction, Ugo Bellagamba, par ailleurs docteur en histoire du droit et Jean Baret également avocat, livre un conte philosophique mais aussi une réflexion sur les lois, et la justice. Leur écriture à deux mains nous entraîne dans un univers extravagant, moderne et truffé de clins d’œil à notre culture contemporaine. Chacun des personnages et des groupes rencontrés illustre à sa manière les limites et absurdités d’un système qui cherche à tout contrôler. Le Monde de Julia se lit dévore d’une traite grâce à son humour omniprésent, ses références jubilatoires et son approche légère mais profonde de la philosophie. Une lecture qui amuse, et fait réfléchir à l’avenir de nos sociétés.
Sylvain P., bibliothécaire
Ada de Antoine Bello
Franck, un inspecteur de police à l’ancienne qui écrit des haïkus, doit enquêter sur la disparition d’Ada une collaboratrice de la société Turing dans la Silicon Valley. Mais lorsqu'il arrive dans les locaux de l'entreprise, il se rend compte que la disparue n'est pas une personne comme les autres ! Ada n’est pas humaine. C’est en fait un logiciel doté d’une intelligence artificielle programmé pour écrire des romances à l'eau de rose, à fort tirage. Pour cela, elle a lu l’ensemble des romans du genre. Programmée pour apprendre des informations qu’on lui fournit, elle comprend qu’il existe une autre littérature, qui inspirent souvent les romanciers (Autant en emporte le vent, Orgueil et Préjugé…). Mais son employeur ne veux pas lui en donner l’accès. Elle a donc décidé de prendre sa liberté pour trouver les informations qui lui manquent.
Ce roman aborde un thème classique de la science-fiction, la créature qui échappe à son créateur. Le thème est traité ici avec un sujet d’actualité, les Intelligence Artificielles, les lois de la robotique, la conscience supposée des IA, l'éthique des fabricants, les risques pour l’humanité. L’écriture est très drôle et aborde aussi la création littéraire. Entre le roman policier, la SF et la comédie ce livre propose une réflexion plus profonde qu'il n'y paraît sur notre avenir.
Sylvain P., bibliothécaire
Clara V., bibliothécaire
Les nuits sans Kim Sauvage de Sabrina Calvo
Dans un Paris futuriste dirigé par les maisons de mode, Vic, 19 ans, se définit comme une « chineuse de trésors vintage excavés de vieilles collections ». Elle est en stage chez « Jeudi » « version cheap rive droite de « Thursday » le magazine le plus lu de la rive gauche ». Elle voyage dans les différentes strates de la cité, virtuelle et réelle à la recherche de vêtements ou d’accessoires qui ont appartenu à des personnalités iconiques comme Lady Di. Dans ce monde flottant, Vic, ancien garçon explore la fluidité des genres et des relations. Elle sollicite souvent Maria Paillette, une entité virtuelle qu’elle a créée et qui endosse les rôles d’amie et d’amante.
Un roman surprenant qui se lit comme une expérience littéraire vibrante d’inventivité.
Audrey P., bibliothécaire
Chiens de guerre de Adrian Tchaikovsky
Rex est un chien-robot armé de fusils mitrailleurs. Avec sa meute, Abeille, Miel et Dragon, il traque et tue les ennemis désignés par son Maître dans une zone de guerre d’Amérique du Sud. Il ne veut pas être un Vilain chien- désobéir. Pourtant, le doute s’installe. La machine meurtrière s’arrête, réfléchit et brise le lien qui le relie à son donneur d’ordres. Mais après ? La machine hybride et meurtrière a-t-elle sa place dans la société des hommes ?
Adrian Tchaikosvky interroge le statut des robots instrumentalisés par l’homme dans le contexte d’une guerre. Les entités biomorphiques sont dotées d’une conscience plus ou moins développée qui brouille les frontières de la responsabilité des exactions commises. Un roman d’action et de réflexion.
Audrey P., bibliothécaire
Maniac de Benjamin Labatut
Maniac est le premier ordinateur créé par John Von Neumann au milieu du 20ème siècle. Benjamin Labatut brosse le portrait de ce génial mathématicien hongrois qui a fui l’Europe à la fin des années 30 pour échapper au Nazisme. Installé aux Etats-Unis, il participe notamment au projet Manhattan à l’origine de la bombe atomique. C’est au soir de sa vie que le scientifique met au point la première architecture informatique. Il est l’un des grands précurseurs de l’Intelligence artificielle. Dans la dernière partie du roman, Demis Hassabis dans le prolongement des inventions de Von Neumann crée le projet Alphago. C’est ainsi qu’en 2016 une machine gagne pour la première fois un tournoi de go contre le meilleur joueur au monde.
Maniac convoque plusieurs scientifiques majeurs du 20ème siècle à l’origine de la révolution numérique de Paul Ehrenfest à Demis Hassabis avec pour figure centrale l’incroyable Johnny Von Neumann. Pour tenter de saisir ce personnage hors normes, Benjamin Labatut croise les témoignages de ses proches et livre un portrait fascinant et fasciné du génial inventeur.
Audrey P., bibliothécaire
Les Androïdes rêvent-t-ils de moutons électriques ? de Philip K. Dick
Rick Deckard est le meilleur élément de la brigade spéciale des blade runners, chargée d'exterminer les androïdes qui s'infiltrent sur Terre. Suite à l'arrivée de huit Nexus 6 qui se sont enfuis de Mars après avoir tué leurs geôliers, Deckard est chargé de supprimer ces robots d'apparence humaine.
Le talent de Philip K. Dick n’a plus de secret pour les amateurs de science-fiction. Son regard acéré sur la technologie et son impact sur l’intime de ses personnages résonne toujours avec une justesse saisissante. Tandis que Ridley Scott, dans Blade Runner, adaptation cinématographique du roman, explore l’humanité des réplicants, Dick, s’interroge sur la déshumanisation des hommes, livrés à eux-mêmes sur une Terre dévastée, privée de repères existentiels. En suivant Rick Deckard, policier traquant des androïdes à éliminer, l’auteur dresse le portrait poignant d’un homme seul, accablé par l’échec de son mariage et en quête d’attention. Rachel, la fascinante répliquante, pourrait-elle l’aimer ? Dans cette œuvre empreinte de mélancolie, Philip K. Dick nous offre une clé essentielle sur ce qui fait de nous des humains et en contraste ce que la machine, elle, ne possédera jamais : les rêves.
Sophie L., bibliothécaire
L'IA dans notre quotidien en 3 films
Le Congrès
Un film d’Ari Folman avec Robin Wright et Harvey Keitel. Etats-Unis, Israël, 2013, 2h03.
Robin Wright, incarnant une version fictive d'elle-même, accepte, après le déclin de sa carrière, une offre de Miramount Pictures : se faire scanner numériquement pour permettre au studio d'exploiter son image dans tous les films de leur choix. En échange, elle doit disparaître de la scène publique pendant 20 ans. Invitée au Congrès de futurologie deux décennies plus tard, elle découvre un monde transformé par la technologie, où chacun peut vivre des illusions sur mesure. Face à cette nouvelle réalité, Robin est confrontée aux conséquences de ses choix et s'interroge sur l'avenir de l'humanité.
Visionnaire avant l’heure, Le Congrès illustre les répercussions de l’intelligence artificielle dans le monde du cinéma. En virtualisant l’image des comédiens, le film questionne sur l’effacement de l’artiste au profit d’une industrie obsédée par la rentabilité. Robin Wright, grâce à son jeu subtil et poignant, incarne avec une grande finesse une actrice qui voit son rapport au monde bouleversé par ces innovations numériques. Cette illusion menace-t-elle de lui faire perdre son identité, et peut-être même l’amour de ses enfants ?
Sophie L., bibliothécaire
I’m your man
Un film de Maria Schrader avec Maren Eggert et Dan Stevens. Allemagne, 2022, 1h45 min.
Alma, brillante scientifique, se révèle être une parfaite candidate pour se prêter à une expérience : pendant trois semaines, elle doit vivre avec Tom, un robot à l’apparence humaine parfaite, spécialement programmé pour correspondre à sa définition de l’homme idéal. Son existence ne doit servir qu’un seul but : rendre Alma heureuse.
À première vue, I’m your man est une jolie comédie romantique dans laquelle Dan Stevens, en prince-charmant androïde, ne manque pas de charme avec sa maladresse touchante. Cependant, très vite, le film se teinte d’une cruelle mélancolie face aux limites de l’IA incapable de remplacer la richesse des relations humaines. Car malgré toutes les attentes comblées, la solitude d’Alma, jeune femme pressée et moderne, est plus présente que jamais.
Sophie L., bibliothécaire
Ex_machina de Benjamin Labatut
Un film d’Alex Garland avec Oscar Isaac, Alicia Vikander et Domhnall Gleeson. Etats-Unis, 2015, 1h44 min. Caleb, un jeune programmeur, est sélectionné pour passer une semaine dans le laboratoire isolé de Nathan, un génie reclus et PDG de sa société de technologie. Nathan lui confie une mission : tester l’intelligence artificielle d’Ava, un androïde sophistiqué, pour déterminer si elle possède une conscience véritable. Au fil de leurs conversations, Caleb est fasciné par Ava, qui semble avoir des émotions et exprime un désir de liberté. Cependant, il découvre que Nathan manipule la situation et contrôle Ava de manière abusive.
Premier long-métrage du réalisateur Alex Garland, également connu pour Civil War, Ex Machina se distingue comme un thriller à la fois sobre et captivant. Porté par une mise en scène épurée et une tension psychologique savamment dosée, le film explore avec finesse les relations ambiguës entre l'homme et la machine. Ava joue-t-elle un double jeu, ou n'est-elle que le reflet des désirs inconscients de ses créateurs ? La fascinante Alicia Vikander insuffle à son personnage une ambiguïté troublante, laissant planer le doute jusqu'au bout.
Sophie L., bibliothécaire