Chroniques de bibliothécaires

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Funeste issue

Prix Goncourt 2017 pour "L'ordre du jour", Eric Vuillard tisse une œuvre rappelant "La comédie humaine" de Balzac. Ses récits historiques, concis, ironiques et tranchants sont composés de scènes qui s'enchainent pour mettre en relief les faiblesses humaines, les violences politiques, sociales et financières (Congo, Tristesse de la terre, Conquistadors...).Ce sont cette fois les arcanes de la guerre d’Indochine que l'auteur explore dans son dernier opus.

Plus riche territoire de l'empire colonial français, la Federation Indochinoise (Viet-nam, Laos, Cambodge) se fissure au lendemain de la seconde guerre mondiale. Les volontés d'indépendance des pays qui la composent se radicalisent face au refus de la moindre concession des responsables politiques et financiers de la IVème république. S'en suivra une guerre de trente ans (d'abord contre la France puis les USA à partir de 1955) pour s'achever par une débâcle (bataille de Dien Bien Phu, chute de Saigon) pour les occidentaux qui abandonne au final et dans la panique, une région en lambeau.


Eric Vuillard signe ici son roman le plus puissant, passant à la moulinette les mécanismes du pouvoir politique, financier et militaire d'une guerre qui va marquer le début de la fin de l'empire colonial et de la 4éme république. Son texte, composé de saynètes et portraits ciselés, se déroule sur un rytme soutenu très ironique manquant toutefois de complexité (Chinois, Soviétiques ou Japonais pourtant acteurs à divers degrés du conflit sont ignorés). Une sortie honorable (de la guerre) fût la mission confié au général Navarre par le président du conseil René Mayer. Trente ans et quatre millions de morts plus tard on se dit que le déshonneur eut peut-être mieux valu.

Écrit par Christophe M.

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